Open data : On choisit un contre-pouvoir citoyen

INTERVIEW SAMUEL GOËTA
Open data : On choisit un contre-pouvoir citoyen sur Qu'est-ce qu'on fait
À l’issue d’une thèse de sociologie sur l’open data, Samuel Goëta a cofondé Datactivist. Cette structure coopérative est l’une des pionnières en matière d’analyse des données publiques au service de tous. Entretien.

Qqf : Qu’est-ce que l’open data ?

C’est la mise à disposition pour tous de données d’intérêt général qui n’auraient autrement pas été accessibles à un tel niveau de finesse. Ce mouvement, qui existe depuis une dizaine d’années renouvelle la transparence de l’action publique. Il développe des contre-pouvoirs citoyens en s’appuyant sur les mêmes données que l’administration.

Par exemple ?

Le gouvernement a lancé le portail data.gouv.fr en 2011. Depuis, on peut avoir notamment accès aux données sur la mortalité routière. Jusqu’alors, on y avait accès par département et par année. Désormais, on peut connaître exactement le lieu, la date et les conséquences relatives à ces accidents. Cela permet d’imaginer des solutions innovantes pour répondre aux problématiques de sécurité routière. Je pense aussi à l’enquête « Parlons vélo » de la Fédération française des usagers de la bicyclette. Ils ont reçu plus de 150 000 réponses pour permettre ensuite aux collectivités de mieux s’adapter aux besoins des cyclistes. De son côté, l’appli Plume Labs utilise de l’open data pour détecter le niveau de pollution et savoir quand éviter de faire son jogging.

"Pour rendre intelligible les données au grand public, on a souvent besoin d’intermédiaires, comme les applications mobiles, la visualisation de données, le data-journalisme, etc."

Le citoyen lambda a-t-il les compétences suffisantes pour comprendre ces données ?

Imaginez une pyramide : à la base, il y a les données. Au milieu, il y a l’information. Et tout en haut, la partie la plus étroite, c’est le savoir. Pour rendre intelligible les données au grand public, on a souvent besoin d’intermédiaires, comme les applications mobiles, la visualisation de données, le data-journalisme, etc. C’est un vecteur d’innovation car cela permet à des startups, à des associations et à des chercheurs de mieux comprendre certains phénomènes sociétaux complexes.

Doit-on se méfier des données que l’on dissémine ?

Avec l’affaire Snowden, le public a appris que certaines données ont une valeur énorme pour les services de renseignements. Il s’agit surtout des métadonnées, c’est-à-dire des données qui décrivent nos données. Prenons l’exemple de nos conversations Whatsapp : le contenu est a priori crypté mais les métadonnées indiquent avec qui j’échange, à quelle fréquence et à quel moment. Bref, on peut tisser le réseau d’un individu. Mais dans le cas de l’open data, il s’agit de données publiques ouvertes et non de données personnelles.

 

Laurène Daycard
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