Macroscope

OMG,
LE CYBER-HARCÈLEMENT !

Méfiez-vous de votre petit ami : si vous le larguez, il pourrait diffuser vos photos en tenue d’Ève sur Twitter. Méfiez-vous de vos camarades d’école : ils détestent votre look et pourraient le faire savoir sur Facebook. Alors, méfions-nous d’internet ? A l’heure des réseaux, la frontière entre vie privée et vie publique semble plus floue. C’est ce que démontre chaque jour un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur : le cyber-harcèlement. A l’ère des nouvelles technologies, en quoi consiste cette nouvelle forme de délinquance ?

Aujourd’hui, en France

les jeunes de 13 à 19 ans passent en moyenne

13H30

par semaine sur internet

27H

en classe

100%

78 %

ont un compte Facebook

25%

ont un compte Twitter

14%

ont un compte Instagram

68%

possèdent un smartphone

Autant d’occasions de prolonger et entretenir leurs relations sociales, pour le meilleur, mais aussi pour le pire.

Souvenez-vous,

les désagréments des cours de récréation...

Qu’est-ce qui distingue ces petites vannes du
harcèlement
?

1

La répétition

2

L’INTENTION DE DÉRANGER, DE BLESSER, DE NUIRE

3

LA RELATION DE DOMINATION DU HARCELEUR

LES CONSéQUENCES SUR LA VICTIME

Perte de confiance, isolement, invalidité, dépression, voire suicide

Aujourd’hui, ces brimades se prolongent sur :

C’est le
CYBER-HARCÈLEMENT

Par exemple ?

2012

Amanda Todd

15 ans

victime de « sextorsion » par un cyber-harceleur anonyme

La jeune fille s’est suicidée en octobre 2012 au terme de trois ans de cyber-harcèlement par un inconnu rencontré sur internet. Par webcam, il prend des photos intimes d’Amanda et la fait chanter en diffusant les photos compromettantes auprès de son entourage. Raillée par ses camarades, l’adolescente sombre dans la dépression et l’alcool et publie une vidéo d’appel au secours sur Youtube quelques heures avant de se donner la mort.

2013

Marion Fraisse

13 ans

victime de harcèlement scolaire et sur internet

Marion n’adopte pas les codes de ses camarades de classe et devient donc rapidement leur souffre-douleur. « L’intello » et « la bolosse » est régulièrement insultée par SMS et humiliée sur Facebook. Le 13 février 2013, elle se suicide, à côté de son portable pendu à une petite corde.

Marion la main tendue

2016

« Marie »

lynchée sur Twitter

Lors d’une soirée, l’adolescente est photographiée en pleins ébats amoureux dans les toilettes avec un garçon. Un camarade publie le cliché sur Snapshat. Très vite, la photo est partagée sur Twitter, avec la véritable identité de la jeune fille. Trois jours plus tard, plus de 100 000 tweets font mention de son nom. Certains la défendent, d’autres la blâment. Sa mère tente depuis de faire disparaître d’internet les traces titanesques de ce lynchage.

Le cyber-harcèlement, c’est donc

Une agression verbale ou psychologique perpétrée de façon répétée et insistante via les canaux électroniques, dans un but malveillant, et qui porte préjudice à un individu.

La publication d’une photo ou d’une vidéo de la victime en mauvaise posture

Des insultes, moqueries, chantages, menaces ou incitations au suicide

Le piratage de comptes et l’usurpation d’identité digitale

La propagation de rumeurs

La création d’un sujet de discussion, d’un groupe ou d’une page sur un réseau social à l’encontre d’une personne

La publication de photos intimes / à caractère sexuel d’une personne

La publication de photos intimes / à caractère sexuel d’une personne

Le cyber-harcèlement est un phénomène cumulatif et inclusif :

Il recoupe de nombreuses formes de harcèlement et perpétue souvent un harcèlement occasionné « dans la vraie vie ».

Le harcèlement sexuel

Le body-shaming et le «slut-shaming»

(moquerie sur le physique ou stigmatisation des femmes ayant une attitude jugée trop « sexuelle »)

Le harcèlement moral et psychologique

Le harcèlement au travail

CYBER-HARCÈLEMENT

Le harcèlement scolaire, en majorité

Le «revenge porn» ou vengeance amoureuse

La cyber-haine (racisme, homophobie, antisémitisme)

Ses caractéristiques

1

L’utilisation des nouvelles technologies

20.3%

textos

13,9%

appels téléphoniques

4,8%

Réseaux sociaux

mais aussi mails, forums, chat, applications

2

La constance

le cyber-harcèlement peut se poursuivre 24/24h-7j/7 sur mobile ou sur les réseaux sociaux, de manière invasive.

3

La diffusion instantanée et massive

lorsqu’elle a lieu sur internet, ce qui rend parfois très difficile l’effacement des traces.

4

La désinhibition du harceleur

qui n’a pas accès en direct aux réactions de sa victime, ce qui décuple la violence des attaques.

Qui ça concerne ?

Le harcèlement scolaire, modéré ou sévère, concernerait

1,2M

d'élèves

Les filles sont environ

plus touchées que les garçons

Le collectif «Féministes contre le cyber-harcèlement» pointe la banalisation de la misogynie sur internet, où le « body-shaming », le « slut-shaming » et les commentaires incitant à la violence physique et sexuelle envers les femmes sont fréquents. En janvier 2016, l’association a dénoncé le laxisme de Twitter sur ce phénomène.

RENSEIGNEZ-VOUS

Le harcèlement via les réseaux sociaux touche :

10%

12-14 ans

16,6%

15-18 ans

Mais seul 1 parent sur 10 est au courant de cette situation.

Le « harcèlement entre pairs »

d’un groupe social envers un individu, est la forme la plus répandue de cyber-harcèlement.

Mais dans une moindre proportion, la victime peut être aussi un prof harcelé par ses élèves, un employé harcelé par un collègue,ou n’importe quel individu harcelé par un(e) ex, une connaissance, ou encore un inconnu rencontré sur internet.

Que risquent les harceleurs ?

Le cyber-harcèlement n’est pas réprimé en tant que tel par la loi française. Toute peine prend compte de la spécificité des actes et de leur qualification juridique :

Le fait de harceler une personne par des propos ou comportements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de vie (Article 222-33-2-2). L’utilisation d'internet et l’atteinte à une personne de moins de 15 ans constituent des circonstances aggravantes.

Injure ou diffamation publique (art. 32 de la Loi du 29 juillet 1881).

Non-respect du droit à l’image, fait de porter volontairement atteinte à l'intimité de la vie privée d'autrui (publication d’une photo ou vidéo sans autorisation de la personne)
(art. 226-1, 226-2).

Usurpation d’identité numérique (article 226-4-1).

Cependant,

la condamnation du cyber-harcèlement fait aujourd’hui face à de nombreux obstacles :

l’anonymat des harceleurs. Ceux-ci sont aisément identifiables via leur adresse IP, mais certains peuvent utiliser des stratagèmes pour dissimuler la provenance de leurs attaques.

la difficulté de mener des poursuites au-delà des frontières du pays.

la méconnaissance du sujet dans certains établissements scolaires et commissariats.

la difficulté à définir une situation comme du cyber-harcèlement. Sur internet, l’absence de « ton » dans les contenus écrits peut rendre floue la frontière avec l’humour.

Le projet de loi pour

une République numérique

prévoit notamment la pénalisation du «revenge porn» (vengeance par diffusion de photos ou vidéos intimes d’une personne)

L’auteur des faits pourrait

encourir jusqu’à

2 ANS

de prison

&

60 000€

d'amende

Actuellement, le fait de prendre une photo intime d’une personne, dès lors que celle-ci consent à être photographiée, peut impliquer une présomption de consentement quant à la diffusion de la dite prise de vue (article 226-2 du Code Pénal).

On prend quelques précautions de base sur internet

Évitez de dévoiler des informations personnelles (adresse, numéro de téléphone, religion, opinions politiques...) de manière publique sur internet.

Activez vos paramètres de confidentialité sur les réseaux sociaux, notamment sur Facebook, pour garder la maîtrise des informations que vous partagez.

Signalez les abus, lorsqu’un contenu vous paraît inapproprié.

Tapez régulièrement votre nom sur les moteurs de recherche pour vérifier les informations vous concernant.

Respectez votre vie privée et celle des autres.

On fait un bon usage du sexting

Sur les sites de rencontres, ne livrez jamais de photo intime de vous avant d’avoir rencontré la personne.

Sans vous priver de ce petit plaisir sensuel, n’oubliez pas que livrer des photos intimes de vous à un tiers (petit(e) ami(e), inconnu(e)) reste aujourd’hui une pratique à risque, dont certains se servent pour se venger ou pour exercer du chantage: "Donne-moi de l’argent ou je diffuse la photo à tes proches.")

On
s'informe

Sur les bons usages d'internet

ici

Auprès des associations spécialisées, capables d'aider les victimes, parents de victimes ou témoins dans toutes leurs démarches pour lutter contre le cyber-harcèlement.

E-enfance, l'association agréée par l'éducation nationale
Génération numérique

On
prévient

Grâce à l’application « Stop Bashing », qui permet aux enfants d'alerter instantanément leurs parents quand ils sont victimes de harcèlement.

Avec le serious game « 2025 exmachina », pour apprendre à porter un regard critique sur les usages d’internet

2025 exmachina

Victime de cyber-
harcèlement, on agit

On signale ou demande le retrait des contenus inappropriés.
Accéder aux formulaires :

En adressant un courrier type au responsable du site internet

En utilisant le portail officiel de signalement des contenus illicites de l’internet

On se confie :

  • à ses parents, ses amis, ses proches
  • aux adultes de son établissement (enseignant, CPE, infirmier(e) scolaire...)
  • à des spécialistes du harcèlement
  • au 3020 le numéro du Ministère de l'enseignement
  • au 0800 200 000 le numéro vert national Net Ecoute

On fait remonter l'information

  • auprès de l'établissement
  • si besoin, auprès du référent harcèlement de son académie

On signale ou demande le retrait des contenus inappropriés.
Accéder aux formulaires :

En adressant un courrier type au responsable du site internet

En utilisant le portail officiel de signalement des contenus illicites de l’internet

On garde des preuves

  • en faisant des captures d'écran avec son ordinateur ou son téléphone
  • en archivant un tweet (même s'il est ensuite supprimé) et le compte associé avec :
  • en conservant la trace des échanges sur les réseaux sociaux avec :

On porte plainte
auprès d'un commissariat de police, preuves mentionnées ci-dessus à l'appui.

Parent, professeur, on détecte les changements de comportement

Fatigue, isolement, angoisse, mal-être, échec : votre enfant ou ado se renferme sur lui-même, ne parle plus, évite le contact avec les autres, préfère rester avec les adultes, prétexte des maux divers pour rester à la maison, ses résultats scolaires baissent...

Ces signes peuvent être une sonnette d’alarme pour détecter un problème dans la vie sociale de l’enfant.

Témoin
de cyber-
harcèlement,
on réagit

Sur les réseaux sociaux, rien ne vous empêche d'interpeller les harceleurs pour les mettre face à leurs agissements et soutenir la victime de harcèlement.

Mais attention, sur Twitter : n'utilisez jamais l'identifiant (@) de la personne harcelée ou le hashtag (#) qui lui est dédié, et ne re-twittez pas les teweets faisant mention de cette personne. Vous ne ferez que contribuer à la propagation de la rumeur et à la multiplication de traces nuisibles.

De manière générale sur internet, proscrivez toute mention de l'identité d'une personne harcelée.

Sources

Ministère de l’éducation – Non au harcèlement | Guide du cyberharcèlement | Netecoute | Prévenir le (cyber)harcèlement en milieu scolaire. Elliot Michèle. - De Boeck supérieur (Comprendre), 2015. | CNIL | Etude Ipsos Junior Connect | Refuser l’oppression quotidienne : la prévention du harcèlement à l’École Rapport au ministre de l’éducation nationale de la jeunesse et de la vie associative Pr. Éric Debarbieux – Observatoire International de la Violence à l’École – Université Bordeaux Segalen – 2011 | Catherine Blaya, Les ados dans le cyber-espace | Adolescents en France, le grand malaise, Rapport de l’UNICEF | Cabinet Alain Bensoussan | Service-public.fr