Pourra-t-on toujours dire « heureux comme un poisson dans l’eau » dans
10 ans ? Pas sûr. Crevettes roses, anchois, anguilles ou bars : des délices
dans l’assiette, mais bientôt portés disparus dans les océans.
Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation
et l’agriculture (FAO), 93% des stocks mondiaux de poissons sauvages
sont soit surexploités (33,1%) soit exploités à leur niveau maximum
durable (59,7%). Autant dire que les océans voient rouge. En France,
certains amateurs s’inquiètent même que les générations futures ne
puissent jamais avoir la chance de goûter du poisson.
Alors, avant d’en arriver là, on arrête de noyer le poisson
et on part à la pêche aux bonnes pratiques !
espèces connues y vivent
:
mammifères, poissons, reptiles,
mollusques, végétaux, planctons,
microbes…
Certaines étaient déjà
présentes au temps des dinosaures
!
Le drame ?
Le WWF estime qu’entre 1970 et 2012,
les populations marines ont presque
été
divisées par 2
.
+ de 5X plus
d’espèces restent
à découvrir, selon
les scientifiques.
Sous l’océan…
se cache une colossale
biodiversité
:
ont été pêchés dans le monde en 2016
soit une hausse de 379% depuis 1950 !
Et le chiffre serait sous-estimé d’environ 30% selon une étude
scientifique internationale conduite en 2016.
Le comble, c’est que les subventions accordées par de nombreux États
pour aider le secteur de la pêche ont des effets pervers dévastateurs. Le
plus souvent, les sommes allouées permettent d’acquérir ou de moderniser
les flottes à des prix défiant toute concurrence. Si au départ, c’est la fête
pour les pêcheurs, cela participe aussi à mettre les stocks de poissons
sous pression et donc à terme à diminuer leurs rendements et leurs
L’Accord relatif aux mesures du ressort de l’État du Port
(PSMA), entré en vigueur en 2016 a été ratifié par 54 pays +
l’UE. C’est le premier accord international de lutte contre la
pêche illicite. Il interdit l’accès aux ports et au déchargement
à tous les navires pratiquant ce type de pêche.
Il est difficile de ne pêcher que le
poisson recherché. Généralement, les
pêcheurs remontent aussi dans leurs
filets
d’autres espèces non voulues
.
Il s’agit le plus souvent de poissons
de petite taille et de faible valeur,
mais parfois aussi de juvéniles
d’
espèces surexploitées et
d’animaux menacés d’extinction
,
comme les tortues de mer, les requins
d’animaux menacés d’extinction
,
et les raies.
L’Union Européenne estime que les
chances de survie des poissons rejetés
en mer sont faibles. En janvier 2019, une
loi entre alors en vigueur afin d’interdire
la pratique pour tous les navires de
pêche professionnels.
Désormais, ils doivent ramener au port
l’ensemble des prises réalisées afin
qu’elles soient comptabilisées.
L’objectif ? Rendre compte de toutes les
prises, même celles d’espèces contrôlées.
L’idée est ensuite de développer une
pêche plus efficace avec une meilleure
sélection des captures et valoriser
l’ensemble des prises.
Pourquoi les prises accidentelles sont si
nombreuses ? C’est que certains navires
de pêches utilisent des engins qui ne
font pas vraiment dans la dentelle. De
manière générale, la pêche a un impact
sur l’écosystème marin. Surtout, toutes
les techniques ne peuvent pas être
appliquées en tous milieux et sur toutes
les espèces !
Pour préserver les ressources et faire
perdurer l’activité de pêche, il faut
veiller au grain ! Le MSC étudie par
exemple les pêcheries au cas par cas,
pour évaluer leur impact sur leur
environnement. Une technique de pêche
n’est donc jamais certifiée en soi, tout
dépend de comment elle est utilisée,
de l’état des populations de poissons
pêchés et des écosystèmes concernés.
Seulement, notre appétit halieutique a
quelques fâcheuses conséquences comme
le déclin des espèces marines.
Pourquoi les poissons disparaissent ?
1
La majorité des
stocks de poissons
sont exploités
à un rythme
insoutenable
Près
de 91 millions
de tonnes
2
Trop de poissons
sont capturés
inutilement
des stocks
mondiaux sont
surexploités
C'était 10%
en 1974.
33
%
(vivants, blessés ou morts), car la cale
est pleine ou que l’espèce n’est pas
intéressante commercialement.
7
%
des poissons
capturés sont
rejetés en mer
Dans
le monde
Faisons le point sur les différentes
techniques de pêche :
Reste un autre
point noir
:
le gaspillage après
le débarquement
de la marchandise.
Il arrive que des poissons soient
relâchés dans un milieu naturel
différent du leur
, accidentellement
ou volontairement. Le problème, c’est
qu’ils peuvent y
chasser des espèces
qui étaient jusque-là dominantes
,
ou leur piquer leur nourriture, et ainsi
chambouler tout un écosystème
.
Dont l’homme fait aussi partie.
du volume
de poisson
est perdu
entre le port
et l’assiette
des 12
000
espèces
exotiques
introduites en
Europe sont
envahissantes
3
L’introduction
d’espèces invasives
menace certaines
populations
de poissons
Bon, bon, bon. On fait quoi alors
?
On reporte notre appétit
sur le poisson d’élevage
?
Les dommages sont à la fois
:
Sanitaires
Les espèces exotiques fraîchement implantées
peuvent
transmettre des maladies à l’homme
,
contre lesquelles il n’est pas protégé.
Économiques
Perte de récolte
et
dégradation
d’infrastructures
. Le préjudice est évalué à
11,6
milliards d’euros
rien qu’en Europe.
Sociaux
La perte de récolte
pèse
sur le
revenu des pêcheurs
(et donc leurs familles) et la
santé des
entreprises
liées à cette pêche.
Environnementaux
La perte de biodiversité
peut conduire
à l’extinction d’une espèce autochtone.
4
L’impact des activités
humaines
Aquaculture, nf
:
Production d’organismes aquatiques en eau douce,
saumâtre ou marine et dans les conditions contrôlées
ou semi-contrôlées par l’homme, qu’il s’agisse
d’animaux ou de végétaux.
Moules, huîtres, saumons, dorades… Cultiver des
poissons en milieu fermé a quelques avantages
:
• … et de limiter l’exploitation
de certaines espèces
de poissons sauvages.
• Cela permet de répondre
à la demande mondiale
croissante de poissons…
L’autre problème de l’aquaculture est le recours
aux antibiotiques.
D’un côté, ils permettent de
limiter le risque d’épidémie au sein des enclos.
Mais de l’autre, ils affectent aussi les poissons
voisins des fermes.
D’où l’importance d’une
aquaculture responsable
!
?
L’aquaculture a généré en 2016
80 millions
de tonnes de produits marins.
La Chine produit plus de poissons
d’élevage que tous les autres
pays au monde réunis.
Mais pas besoin
d’avoir la médaille
Fields pour
comprendre
que
le ratio
est mauvais !
D’autant plus que
la plupart des
poissons sauvages
ne proviennent pas
de stocks gérés
durablement.
Des produits de
substitution
existent,
comme
le soja
.
Avantage :
il est
meilleur marché
.
Inconvénient :
une
grande quantité
provient du Brésil,
où il pousse sur des
parcelles de forêt
amazonienne, parfois
sous forme d’
OGM
.
Cela dit, tous les
poissons ne sont pas
nourris de la sorte.
31 % de la production
issue de l’élevage
se débrouille sans
l’homme pour
manger.
La carpe
argentée, les huîtres
et les moules
en font parties.
+
Très bien. Reste que certains poissons
d’aquaculture sont des gros
consommateurs de poissons marins.
240
000
L’un des principaux indicateurs de cette chute est l’indice
planète vivante (IPV) marin établi par le WWF. Celui-ci
mesure l’évolution de la biodiversité aquatique en suivant de
près
6 170 groupes d’animaux marins représentant 1 353
espèces
.
Certaines espèces ont vu leur population chuter
de 75% en 4 décennies
.
C’est une perte gigantesque ! Mais dans les faits ce chiffre
est sans doute encore plus important, puisque l’IPV marin
comporte peu de données sur la pêche artisanale, la pêche
de loisir et la pêche illégale – qui représenterait à elle seule
26 millions de tonnes par an
.
186
79
espèces
marines
menacées
dont
espèces
en danger
critique
dont
dauphins
baleines
raies
esturgeons
coraux
requins
La liste rouge des espèces en danger d’extinction
,
mise à jour par l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature), recense
:
Casiers
?
Palangre
de fond
?
Palangre
flottante
ou dérivante
?
Chalut
pélagique
?
Senne
tournante
?
Filet
maillant
?
Filet dérivant
?
Chalut
de fond
?
Drague
?
Pêche
à la ligne
ou à la canne
?
D’après la FAO, le poisson
« protège contre les maladies
cardiovasculaires et contribue
au développement du cerveau
et du système nerveux du
fœtus et du nourrisson »
.
Mais ce n’est pas tout. Riche,
le poisson enrichit.
Aujourd’hui,
1 personne / 10
dépend de la pêche comme
moyen de subsistance,
notamment dans les pays
du Sud.
Protéines
:
de grande qualité,
facilement
assimilables et
contenant les
acides aminés
essentiels. Une
portion de 150 g
satisfait entre 50
et 60% des
besoins quotidiens
en protéines d’un
adulte. Le poisson
est d’ailleurs la
principale source
de protéine
animale pour 3
milliards de
personnes dans le
monde.
Vitamines
:
A, D, E et B
Minéraux
:
phosphore
et calcium
Oligo-éléments
:
cuivre, fer, fluor,
iode, zinc
et sélénium
Graisses non
saturées
:
dont oméga 3
Des poissons
qui nous veulent
du bien
sont affectés
à des usages
non-alimentaires :
fabrication de farine
et d’huile
(principalement
pour nourrir les
animaux d’élevage),
applications
pharmaceutiques, …
12
%
88
%
sont destinés
à la
consommation
humaine
1 poisson
pêché sur
4
retourne à l’eau
En France
3/4
L'exemple le plus parlant,
c’est celui des récifs
coralliens,
sont aujourd’hui
menacés d’extinction.
Impossible de se cacher derrière notre bouée licorne.
On le sait : nos activités ont un impact dans le changement
climatique et la destruction des écosystèmes marins
(pollution, plastiques en tout genre, tourisme, gaspillage…)
Sur la côte sud de la Nouvelle-Écosse
(Canada),
deux chercheurs ont récemment constaté que le brochet maillé,
introduit par des pêcheurs dans la région dix ans auparavant, se
nourrissait de jeunes saumons.
Le problème est que le stock
de saumon s’est déjà effondré de 90 % depuis les années
1980 dans la zone, et qu’il peine à se renouveler.
On passe sa souris sur le filet
pour découvrir la méthode
de pêche.
?
Filet
27
%
Sur les
171 millions
de tonnes de poissons produites
(pêche + aquaculture) dans
le monde en 2016 :
11
%
Crustacés
9
%
Amphibiens
2
%
Poisson
68
%
Mollusques
21
%
4kg
de poissons
sauvages
il faut en
moyenne
pour
1kg
de poissons
d’élevage
Ces poiscailles réduits à l’état de farine et d’huile pour
en nourrir d’autres sont des espèces à faible valeur
commerciale, comme l’anchois ou la sardine.
Les poissons qui s’échappent
peuvent affaiblir les stocks
sauvages en modifiant leur
patrimoine génétique en se
reproduisant avec ces derniers.
WWF
dans son rapport
Planète vivante 2016.
20,5
kg
par an
& par habitant
vs 9kg en 1960
34
kg
par an
& par habitant
Monde
France
C’est qu’en près de 60 ans, notre
consommation des produits de la mer
a été multipliée par 2,3
Variétés les plus pêchées
Consommation
VS
Colin d’Alaska
Origine
Anchois
Thon
Cabillaud
Colin d’Alaska
Pêche
Aquaculture
Pêche
Aquaculture
47
%
53
%
68
%
32
%
64
%
des stocks mondiaux
sont victimes de
surpêche ou exploités
au maximum
L’autre fléau de l’exploitation intensive,
c’est la pêche illégale, qui représente
environ
1
poisson
pêché
sur
5
.
Comment ?
Les aquaculteurs responsables doivent
s’assurer que les fonds marins restent
propres, que les eaux soient saines, et
que les animaux soient en bonne santé.
Ils contribuent ainsi au respect de la
biodiversité et des écosystèmes locaux.
Ils garantissent également de bonnes
conditions de travail et des salaires
équitables à leurs employés tout en
respectant les droits et la culture des
communautés locales, en s’assurant par
exemple que leur accès à la ressource
est préservé.
Le problème est le suivant
: de leur
survie dépendent plus de 25 %
d’espèces marines qui y vivent, car elles
y trouvent à la fois nourriture et abri !
C’est ainsi que les populations de
poissons dépendants des récifs
coralliens (suivies via l’indicateur IPV par
le WWF) auraient décliné de 35% entre
1979 et 2012.
Pêche à la ligne ou à la canne
technique utilisée pour capturer
1 seul poisson à la fois.
Cibles
:
thon ou autres grandes espèces de pélagiques
Risques
:
peut provoquer la capture d’une espèce
non-désirée.
Peut être certifié MSC. Une technique qui permet aussi
aux populations de poissons de garder la forme avec des
volumes raisonnables.
Palangres de fond
Axe ancré au fond de la mer, généralement près des côtes,
sur lequel sont fixés jusqu’à 1 000 hameçons.
Cibles
:
roussette, raie, congre, lingue, dorade, merlan…
Risques
:
peut capturer des espèces non-ciblées, dont
des oiseaux marins attirés par les appâts au moment
de la mise à l’eau
Peut être certifié MSC comme cette
pêcherie de légines
Filet maillant
sorte de filet suspendu dans l’eau.
Cibles
:
sole, merlu, baudroie…
Risques
:
peut engendrer des prises accessoires
ou d’autres animaux marins tels que les tortues
ou les mammifères
voir la liste des pêcheries au filet maillant
certifiées MSC
Drague
casier rigide doté d’une lame pour racler le fond marin,
remorqué par un navire.
Cibles
:
coquillages
Risques
:
peut détériorer les fonds marins en profondeur
sur une dizaine de centimètres
voir la liste des pêcheries à la drague
certifiées MSC
Chalut de fond
filet conique lesté pour ratisser les fonds marins,
remorqué par un navire.
Cibles
:
sole, langoustine, baudroie…
Risques
:
capture en moyenne 15 espèces non désirées, dont
certaines dans les grands fonds ont un faible taux de fécondité.
Peut dégrader les habitats et les organismes posés sur le fond
voir la liste des pêcheries au chalut de fond
certifiées MSC
Filet dérivant
interdit en Europe ! Filet flottant déployé verticalement,
avec des mailles de tailles variables.
Cibles
:
sole, merlu, baudroie…
Risques
:
est parfois perdu et continue généralement
à piéger des poissons pour rien.
Palangre flottante (ou dérivante)
axe maintenu à la surface par des flotteurs ou dans les
fonds par des poids, sur lequel sont fixés jusqu’à 1 000
hameçons
Cibles
:
bar, thon, espadon…
Risques
:
peut capturer des espèces non-ciblées, dont des
oiseaux de mer, des tortues et des requins dans certaines zones.
voir la liste des pêcheries à la palangre flottante
certifiées MSC
Chalut pélagique
de grands filets qui retiennent prisonniers les poissons
en pleine eau et à la surface (pas dans les fonds marins).
Cibles
:
hareng, hoki, maquereau
Risques
:
peut occasionner des prises dites « accessoires »
d’espèces non-ciblées
peut être certifiés MSC, comme cette
pêcherie de hareng
Senne tournante
filet utilisé en surface pour encercler
et capturer un banc de poissons.
Cibles
:
thon, maquereau, anchois, sardines…
Risques
:
peut être source de blessures pour
les poissons capturés
voir la liste des pêcheries à la senne tournante
certifiées MSC
Casiers
Des pièges fixes destinés principalement à la capture de
crustacés.
Cibles
:
homards ou crabes
Risques
:
peut engendrer la capture d’espèces
non-ciblées ou de spécimens en « sous-taille »
Peut être certifié MSC, comme cette
pêcherie de
homard
ou de
bulot
Bon, maintenant
qu’on sait tout ça,
Envie d’en savoir plus sur le monde
merveilleux des poissons ?
On obtient
une réponse
en live
Ce n’est pas nous qui pêchons, certes, mais c’est nous qui achetons.
Avec nos choix de consommation, nous pouvons décourager
les producteurs de continuer à cibler les espèces vulnérables.
Voici nos conseils pour ne plus mordre à l’hameçon du marketing
!
Parce que le monde marin est complexe, parce qu’on se
demande si on fait le bon choix, ou tout simplement parce
qu’on veut savoir, on peut interroger les équipes du MSC
directement. On obtient une réponse dans les 7 jours.