Outre les impacts générés par le plastique tout au long de son cycle de vie, le problème, c’est que nous ne savons toujours pas comment faire face aux millions de tonnes de déchets plastique produits : Face à l’ampleur des dégâts liés à la pollution plastique, certaines solutions et alternatives dites « écoresponsables » émergent. Mais à y voir de plus près, leurs impacts semblent parfois limités, voire contre-productifs : ce sont de fausses bonnes idées. Nous vous présentons 3 d’entre elles ainsi que de vraies bonnes idées pour y remédier ! 1/3 des déchets plastiquese retrouve alors dans la nature chaque année et pollue pour des siècles LES terres, LES rivières et L’océan. Plus de 400 millions de tonnes de plastique sont produites chaque année dans le monde. Plus d’1/3 de tous les plastiques produits sont des emballages à usage unique. Pour lutter contre la pollution plastique, attention aux fausses bonnes idées.
« Ouais de toute façon, recycler ça sert à rien… » Alors non, le recyclage fait partie de la solution, et il est important de continuer à trier ses déchets mais l’erreur consisterait à croire qu’il peut résorber tout le plastique que nous utilisons : c’est techniquement impossible à ce jour. De plus, en bout de chaîne, le recyclage ne résout pas le vrai problème : notre production et consommation de plastique dépassent largement notre capacité à traiter convenablement les déchets plastique. 14 % sont brulés dans des incinérateurs ce qui permet leur transformation en combustibles mais dégage des émissions nocives. À la sortie, il reste quand même 30 % du volume de départ , c’est le mâchefer. Très toxique, il doit être entreposé dans des sites de stockage de déchets dangereux. 40 % sont mis en décharge. Si elles ne sont pas bien encadrées, les composés chimiques des déchets peuvent s’infiltrer progressivement dans les sols et les nappes phréatiques. 32 % finissent dans la nature où ils se décomposent très très lentement et menacent l’environnement et la biodiversité. seuls 1/3 sont recyclés (31 % ) représentent 6,3 milliards de tonnes de déchets pour lesquels aucune solution durable n’a été trouvée à ce jour. sont toujours en cours d’utilisation. Si le recyclage semble être une solution, dans les faits, peu de plastiques connaissent une seconde vie :Purs produits de l’industrie pétrochimique, les plastiques ne disparaissent pas tout seuls lorsque nous n’avons plus besoin d’eux. Pourquoi ne peut-on pas recycler TOUS les plastiques ? Il y a plusieurs raisons à cela. Cela peut sembler contre-intuitif mais le plastique vierge coûte bien moins cher que les matériaux recyclés. Pour recycler le plastique en circuit fermé, il faut suivre tout un tas d’étapes coûteuses : le collecter, le trier, le nettoyer et le décontaminer, le broyer en paillettes qu’il faut laver puis les transformer en granulés prêts à être réutilisés. À la sortie, on ne récupère pas de grandes quantités de plastique recyclé et il est de moins bonne qualité. Soit on est obligé d'y ajouter de la matière première vierge, soit on l’utilise pour intégrer des produits de qualité inférieure. C'est ce que l'on appelle le downcycling. En Europe, presque la moitié du plastique collecté pour le recyclage ne peut être recyclé pour des raisons de santé, de sécurité, de qualité et de contamination. Avec la baisse des cours du pétrole, fabriquer du plastique vierge coûte très peu cher. Et plus il y a de plastique vierge sur le marché, plus son prix de vente baisse. Par ailleurs, le prix actuel du plastique vierge sur le marché ne prend pas en compte l’ensemble des coûts qu’il fait peser sur la société et la nature tout au long de sa vie (des rejets de CO2 pour le produire à la pollution qu’il engendre lorsqu’il devient un déchet). La loi du marché est implacable et du côté des industriels, le calcul est vite fait : le plastique vierge l’emporte haut la main ! Aujourd’hui, le PET et le PEHD des bouteilles et flacons sont les plus faciles à recycler pour fabriquer d’autres objets : Même si des développements sont en cours dans certains pays européens, à ce jour, les autres plastiques ne sont généralement pas recyclés : DanS L’UNION EURopéenne 3/4 9,2 milliards de tonnes de plastique ont été fabriquées 1950 2020 2000 1/4 Un Européen consomme à lui seul en moyenne, 120 kg de plastique par an 29 millions de tonnes de déchets plastique SONT collectés annuellement 01 IL Y A TROP DE PLASTIQUES DIFférents 02 Recycler le plastique N’EST PAS RENTABLE Plastique recyclé Plastique VIERGE résultat 14 % des emballages en plastique sont triés. 10% sont véritablement recyclés et seuls 2% seront recyclés plus d’une fois . 01 Fausse bonne idée COMPTER SUR LE RECYCLAGE POUR SUPPRIMER TOUS NOS DÉCHETS PLASTIQUE ! 5 PP 3 PVC 4 PE-BD 6 PS 2 PEHD 1 PET Le plastique est le résultat d’un procédé chimique complexe appelé polymérisation. Pour faire simple, des petites molécules réagissent entre elles et constituent de plus grosses molécules auxquelles on ajoute des adjuvants et des additifs pour former nos différents plastiques. Aujourd’hui, 6 types de plastiques sont utilisés pour fabriquer la grande majorité de nos emballages. Ils ont tous des propriétés différentes, intègrent des additifs toxiques et un même produit peut être composé de plusieurs plastiques et matériaux différents. Ces plastiques requièrent donc des traitements séparés ce qui rend leur recyclage complexe. De plus, la technologie dont on dispose aujourd’hui ne permet pas de récolter une matière recyclée satisfaisante à partir de tous les plastiques. Dans le monde
Le recyclage : un pansement en bout de chaîne.Le recyclage ne limite en rien le phénomène à l’origine du problème : la fabrication colossale de plastique en amont. Or, le cadre législatif européen ne pousse pas encore les industriels à réduire leur production de plastique. Pour remplir cette obligation, ils financent des éco-organismes qui ont la charge de soutenir les collectivités pour organiser la collecte et le recyclage des déchets ménagers, et de sensibiliser les citoyens au tri. C’est le serpent qui se mord la queueLes éco-organismes concentrent leurs actions sur la sensibilisation des citoyens au tri et au recyclage faisant reposer le bon fonctionnement de ce système sur leurs épaules sans que jamais ne soit remise en question la source du problème, à savoir la production exponentielle de plastique. Le recyclage présente de nombreuses limites concernant le plastique, mais il reste très efficace pour le verre, l’acier ou le carton qui se recyclent de nombreuses fois. Couplé à une politique de réduction du plastique, le recyclage fait partie de la solution. C'est la trajectoire choisie par l'Union européenne dans sa stratégie plastique : D’ici 2030, tous les emballages en plastique mis sur le marché de l’UE pourront être réutilisés ou recyclés avec un bon rapport coût-efficacité. D’ici 2021, une série de produits plastique (couverts et assiettes à usage unique, pailles, coton-tiges, tiges de ballons, plastiques oxodégradables, gobelets et récipients en polystyrène expansé pour les aliments et gobelets) seront interdits. Le tri est l’un des premiers gestes en faveur de l’environnement adopté par les citoyens, et c’est une excellente chose ! Si un déchet n’est pas trié, il n’a aucune chance d’être recyclé. Avec une production de plastique qui pourrait augmenter de 40% d’ici 2030, il est illusoire de se reposer intégralement sur le recyclage. Il faut en plus réduire la production et l’usage de plastique à la source. En Europe, suivant le principe du pollueur-payeur les entreprises qui commercialisent des produits contenant du plastique (mais aussi du verre, de l’acier, du carton et du papier) sont responsables de la gestion de leur fin de vie. C'est ce qu'on appelle la responsabilité élargie des producteurs. Nous produisons tant de déchets plastique dans les pays occidentaux, que le flux - qui est pour partie de mauvaise qualité - est devenu ingérable et non rentable pour nos infrastructures. Résultat : nous les envoyons au bout du monde. À partir de 2018, les pays exportateurs de déchets se sont mis à cibler l’Asie du Sud-Est : Face à l’amoncellement de déchets, les pays exportateurs comme le Royaume-Uni, ou les Etats-Unis se sont rabattus sur la mise en décharge ou l’incinération de leurs déchets recyclables, polluant l’air et les sols au passage. En Thaïlande les importations de déchets ont été multipliées par x70 entre janvier et avril 2018 par rapport à la même période de l’année précédente. En Malaisie près de 150 usines de recyclage illégales ont vu le jour rejetant des eaux usées toxiques dans les cours d’eau et polluant l’air avec les fumées provoquées par la combustion des déchets. En Indonésie 49 conteneurs stationnés dans le port de l’île de Batam ont été renvoyés en juillet 2019 vers l’Australie, la France, l’Allemagne, Hong Kong et les Etats-Unis, car leurs contenus violaient la règlementation sur l’importation de déchets dangereux et toxiques. Aux Philippines 69 conteneurs canadiens envoyés en 2013, remplis de déchets faussement appelés « plastique à recycler » (en réalité des ordures ménagères, des bouteilles, sacs en plastique, journaux, déchets électroniques et couches souillées), ont été renvoyés en juin 2019 après une longue bataille diplomatique. Le Cambodge a déclaré en juillet 2019 « qu’il n’était pas une poubelle » après avoir découvert dans le port de Sihanoukville près de 83 conteneurs de déchets illégaux venus des États-Unis et du Canada. Au Vietnam un important terminal a refusé d’accepter de nouveaux rebuts après avoir amassé plus de 8 000 conteneurs remplis deplastique et de papier en mai 2018. LA VRAIE BONNE IDée 03 Il y a beaucoup TROP DE PLASTIQUE À RECYCLER trier, mais surtout limiter sa consommation de plastique La Chine fût, pendant plus de 30 ans, la principale destination des déchets plastique du reste du monde. Près de la moitié de la production planétaire de plastique y a été envoyée - à savoir les déchets les plus contaminés, et les moins exploitables - pour être fondue en granulés. En janvier 2018, les autorités chinoises durcissent leur cahier des charges vis-à-vis des matières non recyclables contaminantes. Désormais, le pays entend lutter contre la pollution locale mais aussi privilégier sa propre filière de collecte de déchets plastique. Allez, bonne route hein ! MERCI !