Outre les impacts générés par le plastique tout au long de son cycle
de vie, le problème, c’est que nous ne savons toujours pas comment
faire face aux millions de tonnes de déchets plastique produits :
Face à l’ampleur des dégâts liés à la pollution plastique, certaines
solutions et alternatives dites « écoresponsables » émergent.
Mais à y voir de plus près, leurs impacts semblent parfois limités,
voire contre-productifs : ce sont de fausses bonnes idées.
Nous vous présentons 3 d’entre elles ainsi que de vraies
bonnes idées pour y remédier !
1/3 des déchets plastique
se retrouve alors dans la nature
chaque année et pollue pour des siècles
LES terres, LES rivières et L’océan.
Plus de 400 millions
de tonnes de plastique
sont produites chaque
année dans le monde.
Plus d’1/3 de tous les
plastiques produits
sont des emballages
à usage unique.
Pour lutter
contre la pollution plastique,
attention aux fausses
bonnes idées.
Un plastique biosourcé
N’EST GÉNÉRALEMENT
PAS BIODÉGRADABLE
Un plastique biodégradable
N’EST GÉNÉRALEMENT
PAS BIOSOURCÉ
Présentée comme une formidable alternative au plastique dit conventionnel,
la production bioplastique a connu un véritable essor et les entreprises sont
nombreuses à se tourner vers le bioplastique pour faire valoir leur
engagement en faveur de l’environnement. De notre côté, on peut penser
bien faire en optant pour des produits ou des emballages estampillés
bioplastique. Ne vous faîtes pas avoir, ces plastiques-là n’ont de bio que le préfixe.
Ils sont en partie constitués de matières
organiques (sucre de canne, amidon de
maïs ou fécule de pomme de terre…) qui
ne proviennent pas elles-mêmes de
l’agriculture biologique. Ils peuvent aussi
contenir du pétrole.
Ils se dégradent sous l’effet de
micro-organismes dans des conditions
bien spécifiques que l’on ne retrouve pas
dans la nature et encore moins dans l’océan.
Ce qui est certain, c’est que le bioplastique
n’est pas une solution miracle !
Non seulement, son appellation est trompeuse mais il pose de gros
problèmes. Pour le comprendre, passons le bioplastique à la loupe.
Les plastiques biosourcés
biosourcés
Les plastiques biodégradables
Le mot valise
« bioplastique »
mérite un petit éclaircissement puisqu’il
recouvre 2 types de plastiques différents :
La plupart des plastiques
biosourcés contiennent
quand même du pétrole
En effet, le minimum requis de biomasse
dans un plastique dit biosourcé est de 25%.
Aujourd’hui, on accepte
sous le terme «
biosourcé
»
des plastiques qui peuvent
contenir jusqu’à
75
%
de
pétrole.
02
Fausse bonne idée
Tomber dans le panneau
du bioplastique.
Attention, c’est là que ça se complique :
Il est possible qu’un plastique biosourcé soit
biodégradable et vice et versa,
mais dans plus
de 60% des cas ce n’est pas vrai
.
Le sucre de canne
Il provient majoritairement du Brésil où une
partie de la forêt primaire amazonienne est
abattue pour le produire en monoculture.
Il requiert d’énormes quantités de pesticides
aux conséquences néfastes sur
l’environnement et les populations.
Par ailleurs, la poignée d’entreprises
qui domine le marché brésilien du sucre
entretient l’exploitation de ses employés
en situation de précarité.
Du maïs et des pommes
de terre
Ces deux produits relèvent d’une agriculture
particulièrement industrialisée gourmande en
eau et en produits chimiques. Les OGM sont par
ailleurs tolérés pour la fabrication de ces
plastiques.
La production de matières premières
destinées au plastique biosourcé recouvre
les mêmes problématiques que celle
du bio-carburant
La question de leur fin de vie n’est pas résolue
Tout biosourcé qu’il est, ce plastique-là devient un déchet comme les autres
à la fin de son utilisation. Les filières de recyclage le refusent du fait de sa
nature car il affecte le processus et la qualité du recyclage. Il finit donc
incinéré, mis en décharge ou dans la nature apportant son cortège de
pollutions.
Les plastiques biodégradables,
ne le sont pas vraiment
Un plastique qui se dégraderait tout seul lorsqu’on le jetterait,
n’est-ce pas merveilleux ? C'est ce que pourrait nous laisser
croire le marketing de certains industriels pour nous offrir un
peu de bonne conscience lorsque l’on achète leurs produits à
usage unique.
Vaisselle jetable, pailles, lingettes, capsules de café, sacs
plastique, plus besoin de se préoccuper d’eux, ils
disparaîtraient comme par enchantement. Dans de nombreux
cas, les plastiques biodégradables sont une supercherie voire
un véritable danger pour l’environnement.
Un plastique tout ce qu’il y a
de plus chimique…
Le plastique dit biodégradable peut être composé de matière organique et/ou
de pétrole et s'accompagne dans tous les cas d'additifs. Ce plastique est dit
dégradable car les éléments organiques se décomposent sous l’action de
micro-organismes (bactéries, champignons, algues…) et se dégradent en
éléments simples tels que le carbone, l’hydrogène, ou l’oxygène. Seulement, le
temps nécessaire à la dégradation totale pose question et on ne sait pas à ce
jour ce qu’il advient des additifs.
Une accaparation de
surfaces cultivées qui
entre en compétition
avec celles nécessaires à
l’alimentation humaine.
Une pression accrue sur
les surfaces entraînant
pénuries d’eau, extinction
d’espèces, désertification
des terres et disparition
d’habitats naturels.
Leur fabrication est tout
aussi polluante
Pour transformer ces matières premières en
plastique, le processus est le même que pour le
plastique dit conventionnel. La production a aussi
lieu dans des usines qui émettent des gaz à effet
de serre.
biosourcés
biodégradables
Parmi les principales matières premières agricoles utilisées
pour faire du plastique biosourcé, on retrouve :
La biomasse utilisée dépend d'une agriculture
industrielle intensive polluante.
Les plastiques biosourcés posent autant
de problèmes que les plastiques « conventionnels »
biodégradables
3 ans plus tard, des sacs biodégradables
enfouis dans le sol et dans l’eau étaient encore
en très bon état.
Cela constitue une véritable
menace pour l’environnement
Dans l’océan, les espèces vivantes ont largement le temps d’ingérer ces
plastiques avant qu’ils ne se dégradent. Et lors du processus de dégradation,
ils se fragmentent en micro-particules qui représentent un danger encore plus
grand pour la faune océanique.
Un perturbateur pour les filières
du recyclage
Non seulement la dégradabilité de ces plastiques pose question mais ils ne se
recyclent pas dans les filières de tri classiques. Très peu de collectivités sont
pourvues de composteurs industriels et la collecte des biodéchets n'est pas
généralisée partout en Europe. Nous payons donc plus cher un produit qui en
réalité, n'est ni collecté séparément, ni traité par la filière adéquate.
39
%
sont convaincues
que les matières
premières de base
sont issues de
l’agriculture
biologique.
Le problème, c’est que cela marche
Selon des recherches menées en Allemagne, parmi les personnes qui affirment
savoir exactement ce que sont les «bioplastiques» :
Et c’est là que ça devient pire…
Il a été démontré qu'à cause du nom «bioplastique» les gens étaient plus
enclins à les jeter dans la nature.
Sur la base des prévisions actuelles,
la pollution plastique de l’océan pourrait
atteindre 300 millions de tonnes d'ici à 2030.
Faire croire aux gens que le bioplastique n’est
pas néfaste ou qu’il peut se dégrader dans les
milieux naturels sans avoir d’impact peut
devenir à terme un facteur encore plus
aggravant de pollution.
…biodégradable dans des conditions qui
sont pas réunies chez soi ou dans la nature
Bien qu'il existe dans certains pays des normes sur le compostage domestique
indiquant que l’on peut jeter ces déchets plastique-là dans son compost à la
maison, la durée de dégradation par rapport aux déchets alimentaires et
l'impact des additifs sur le compost posent problème. Dans les faits, la
majorité des plastiques dits biodégradables ne le sont pas dans des conditions
que l’on trouve dans la nature mais dans celles des composteurs industriels :
température de plus de 50° + un fort taux d’humidité + en présence des
micro-organismes adéquats.
Des chercheurs britanniques ont observé la dégradation de sacs plastiques
biodégradables dans le milieu naturel.
70
%
pensent que tous les
bioplastiques sont
biodégradables.
L'appellation équivoque et l'étiquetage de
certains produits bioplastiques envoient un
message trompeur aux consommateurs qui
pensent adopter une démarche écologique et
sans danger pour l’environnement.
LA VRAIE BONNE IDée
résultats
ne pas se laisser avoir
par le marketing
01
Supprimer les emballages en plastique
à usage unique dans leurs achats publics
02
Interdire ou encadrer l’utilisation de produits
plastique jetables dans les lieux d’accueil
ou événements publics
03
Faciliter l’accès aux alternatives
au plastique à usage unique
En accompagnant les mesures d’interdiction du plastique jetable
par des mesures facilitant l’accès de tous aux alternatives réutilisables :
→ fontaines à eau dans l’espace public,
→ prêt de vaisselle réutilisable,
→ valorisation des commerçants proposant des contenants réutilisables,
→ mise en place d’un système local de consigne pour réutilisation — etc.
Pour réduire drastiquement nos déchets plastique, on peut agir à la source et
arrêter d’en consommer, c’est le défi du mouvement zéro déchet.
Cela implique d’opter pour des produits plus durables dans leur durée
d'utilisation, réutilisables ou rechargeables, sans emballages, et d’optimiser
leur fin de vie. Aucun déchet ne doit être incinéré ou enfoui et aucune
substance toxique ne doit finir dans le sol, dans l’eau ou dans l’air.
Dis comme ça, cela tombe sous le sens mais comment limiter sa consommation
de plastique quand il est absolument PARTOUT ??
À la maison
On répare ses objets plutôt
que de les jeter.
On trouve des tutos sur
internet ou on se fait aider par
plus expert que soi :
Par où commencer ?
La liste des actions serait longue à établir, mais voici la base :
04
Mobiliser les citoyens pour relever le défi
du zéro-déchet à l’échelle locale
La pollution plastique est encore trop souvent réduite à un problème d’incivilité
et de traitement des déchets. Or, le meilleur déchet est celui que l’on ne produit
pas. Pour résoudre le problème de la pollution plastique, il faut agir à la source.
Pour y parvenir, chacun peut prendre sa part de responsabilité : les industriels,
les autorités locales et nous-mêmes, car nous faisons tous partie de la solution.
Une grande partie de la pollution plastique dans le monde est générée
par une poignée de marques dont nous consommons les produits
(et jetons les emballages) au quotidien.
Chaque année, le mouvement
Break Free From Plastic
réalise un audit
de la pollution plastique par marque pour faire remonter les résultats
aux industriels et les mettre face à leur responsabilité.
Plus nous serons nombreux.se.s à changer de comportements d’achat,
plus grand sera l’impact sur les marques et acteurs du secteur.
Au niveau local, les autorités peuvent expérimenter des alternatives au
plastique et mettre en place des solutions concrètes. Si cela implique de
repenser certaines habitudes et besoins, cela favorise aussi le développement
d’acteurs locaux, et contribue à retisser le lien social.
À Barcelone (Espagne)
dans tous les services
municipaux, l'utilisation de
plastique à usage unique doit
être remplacée par des
alternatives durables telles que
la mise à disposition de
fontaines et de carafes.
Envie d’encourager votre ville à supprimer les bouteilles en plastique :
Surfrider Fondation Europe propose un guide des bonnes pratiques
pour des villes sans bouteille d’eau.
On fait pression sur
les industriels
À notre échelle, on peut repenser
notre façon de consommer
On demande aux autorités
locales de
prendre des mesures
L’audit montre que Coca-Cola,
Pepsico et Nestlé, représentent
à elles seules
14% de la pollution
plastique dans le monde
.