de sable par jour par personne (le poids d’un petit phoque). 18kg Soit une moyenne de Le sable, une ressource qui pourrait bien nous filer entre les doigts 1 On ne s’en doute pas mais le sable est la 2 e ressource naturelle la plus exploitée après l’eau. Pourquoi ? Il est absolument partout : dans le béton des immeubles, dans les vitres, dans les ordinateurs, dans l'asphalte des routes, dans les téléphones, dans les peintures, dans les lessives et même dans les cosmétiques. On estime ainsi qu’entre 27 et 40milliards de tonnes de sable sont extraites chaque année sur la planète. Il y a presque autant de grains de sable sur Terre que d’étoiles dans l’univers. Pourtant, le sable exploitable n’existe qu’en quantité limitée sur la planète. Son exploitation effrénée créée des tensions de plus en plus fortes. Le secteur du BTP est incontestablement le plus gourmand en consommation de sableIl y a un siècle et demi, un nouveau matériau révolutionne le monde de la construction : le béton. Et les bâtiments poussent comme des champignons dans certaines parties du monde C’est qu’il en faut du sable pour réaliser toutes ces constructions ! 60%du sable consommé chaque année est utilisé par la Chine, un pays à l’urbanisation galopante. Il est facile à produire, très solide et peu coûteux. Il va progressivement modeler presque tous nos lieux de vie. Aujourd’hui, les 2/3 des constructions mondiales sont réalisées en béton. Constitué de 2/3 de sable 1/3 de ciment 200 TONNES pour une maison de taille moyenne 30 000 TONNES par km pour une autoroute 12 Millions de tonnes pour une centrale nucléaire Dans les années 1970, Shenzhen était une petite ville de 35 000 personnes. Aujourd’hui, cette métropole tentaculaire compte officiellement 12 millions d’habitants (c’est-à-dire plus que New York, Londres ou Paris) avec ses tours dortoir et ses gratte-ciel à perte de vue.  1970 Aujourd’hui Shenzhen X343 Certains projets fous sortent littéralement de terre grâce au sable Après la fabrication de ciment, la poldérisation, une technique pour créer artificiellement des surfaces terrestres sur la mer, est la seconde utilisation la plus importante de sable. Deux villes se distinguent pour leurs projets titanesques de poldérisation : Singapour, toujours plus grandeEn plein essor démographique mais de petite taille et entourée d’eau de toute part, la ville État a trouvé une solution : gagner du terrain sur la mer. Pour y parvenir, elle a utilisé de gigantesques quantités de sable. Dubaï, des îles en pagailleAu début des années 2000, Dubaï lance le projet « Palm Island ». 150 millions de tonnes de sable seront utilisées pour construire un archipel d’îles artificielles en forme de palmier. Singapour a ainsi augmenté sa superficie de 20% au cours des 40 dernières années, devenant ainsile plus gros importateur de sable au monde. Le sable, principalement importé d’Indonésie, aurait provoqué la disparition de 24 îles. La ville prévoit une extension de ses terres de 100 km² supplémentaires d’ici 2030. Sur cette lancée, le projet « The World » voit le jour en 2003. L’objectif : recréer un planisphère géant composé d’îles artificielles représentant chacune un pays. Avec un budget estimé à 14 milliards de dollars et une consommation de 500 millions de tonnes de sable, la crise de 2008 marque l’arrêt du chantier qui ne sera jamais achevé. Par ailleurs, le sable est devenu un élément indispensable de nos sociétés hyperconnectées. C’est un des composants essentiels à la fabrication des microprocesseurs. Sans lui, pas d’ordinateurs, de téléphones portables, de cartes bancaires, etc. Chine États-Unis 1900 2020 2016 Comment ? Pourquoi ? Creusons le sujet. La Chine a consommé autant de sable ces 4 dernières annéesque les États-Unis en un siècle.
Bientôt, les précieux grains risquent de se faire raresSous l’effet de la croissance démographique, de l'évolution de nos modes de consommation et de l'urbanisation croissante, la demande de sable a triplé au cours des deux dernières décennies. À première vue, il semble exister en quantité infinie : on le trouve sur terre, dans la mer et dans les déserts. C’est vrai qu’avec un volume estimé à 120 millions de milliards de tonnes, on penserait ne jamais pouvoir être à court de sable. Seulement, notre consommation effrénée de sable se heurteà deux problèmes Le sable exploitable voit donc ses réserves fondre face à l’augmentation de la demande Dans un premier temps, le sable était extrait dans des mines ou carrières terrestres, mais avec l’explosion des constructions à travers le monde, les réserves s’épuisent progressivement. Il faut donc creuser ailleurs, plus précisément dans 2000 Aujourd’hui X3 1. La majeure partie de ce sable est inaccessible ou impropre à une utilisation industrielle. Le sable des déserts est inutilisable par exemple, car il est trop fin. Il est impossible de l’agglomérer pour fabriquer du ciment. 2. La régénération du sable est perturbée par les barrages. Les 60 000 grands barrages construits à travers le monde retiennent ¼ du sable de la planète. Les sédiments qui, en temps normal, se dirigent par le lit des rivières vers la mer et les plages, y sont emprisonnés. C’est pourquoi Dubaï, pourtant entourée de désert, a dû importer des quantités astronomiques de sable d’Australie pour construire Burj Kalifa, le plus haut gratte-ciel du monde. Aujourd’hui, l’extraction de sable marin s’élève à 75 millions de tonnes annuelles. Cette exploitation encore minime (2,5% de la production totale de sable) est vouée à s’accélérer à mesure que les carrières terrestres s’épuisent. À force de creuser pour extraire du sable, on risque de toucher le fond :En prenant de l’ampleur, l'extraction de sable dans les mers et océans a commencé à poser de nombreux problèmes : Les plages disparaissent Entre 75% 90% des plages du monde reculent ! Lorsque le sable est aspiré, les animaux et les plantes le sont aussi. Tous les organismes vivants des fonds marins sont éliminés, or ils constituent la base de la chaîne alimentaire marine. La survie de toutes les espèces est en péril. Au bout de la chaîne, des milliers de familles de pêcheurs voient leur moyen de subsistance disparaître à petit feu. La faune et la flore sont détériorées Les plages sont un rempart naturel contre les tempêtes, en accélérant leur érosion on se prive de leur protection. Les côtes sont moins bien protégées Avec l’érosion des côtes, l’eau de mer s’infiltre via les estuaires, ce qui salinise et rend les terres agricoles inexploitables. Les terres agricoles sont en péril L’exploitation du sable devient l’objet d’un trafic clandestinConsidéré comme une ressource infinie et gratuite, les faibles réglementations qui encadrent l’exploitation du sable sont facilement contournées à travers le monde. Corruption des administrations, guerres de territoires, exploitation des travailleurs, dégradations environnementales, mise en danger des populations : le sable est au cœur d'un vaste problème mondial dont aucune autorité ne semble vouloir prendre la mesure. Au Maroc,la moitié du sable utilisé dans les chantiers, soit 10 millions de m³ par an, provient de l’extraction illégale sur les côtes. Le long du littoral marocain, les « marchands de sable » n’hésitent pas à recruter des enfants pour réaliser ce travail ardu. En Inde, deuxième pays consommateur de sable de construction après la Chine, l’exploitation et le commerce de cet or jaune est tenu par des mafias très organisées, notamment le long des côtes du Tamil Nadu dans le sud du pays. En 2013, face aux abus des sociétés privées, les autorités gouvernementales finissent par prendre des mesures pour interdire l’exploitation. Malgré cela, des exploitants privés ont continué d’exporter plus de deux millions de tonnes métriques de minerais dans le monde entre 2013 et 2016, notamment vers la Chine, le Japon, les États-Unis, les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite, l’Allemagne et même la France. Les journalistes indiens qui ont tenté de mener l'enquête sur le sujet ont été victimes d’intimidation et même de meurtre. Le Cambodgeest devenu l’épicentre d'un vaste commerce de sable, pour répondre aux besoins gargantuesques de ses voisins ravageant les écosystèmes locaux et fragilisant les habitants. La réalisatrice cambodgienne Kalyanee Mam, dénonce cette situation dans un court-métrage intitulé Lost World. Elle y montre comment l’extraction du sable des rivières de l’île de Koh Sralau a provoqué l’extinction de la faune et de la flore, notamment de la mangrove. Le documentaire explique comment le sable cambodgien a permis de construire l’Ecoparc de Gardens by the Bay à Singapour, une attraction qualifiée de « verte » par les autorités locales. Regarder lost world Regarder lost world L’océan.La solution a donc été d'aller chercher le sable dans les océans et les mers, le plus près possible des côtes pour des raisons de coûts et d'efficacité. De nombreuses sociétés mondiales d’extraction de sable marin ont ainsi vu le jour. et Comment ça se fait ?Le sable est de plus en plus souvent extrait des plages et des littoraux. Pour extraire ce sable marin, des bateaux traînent des appareils sous-marins le long des côtes qui aspirent le sable des dunes sous-marines et le rejettent sur le pont. Cela crée des trous dans le fond marin que la mer comble naturellement avec du sable provenant des plages. Cela provoque l'érosion du littoral.
Et à notre échelle, que faire ? pour endiguer les dérives liées à l’exploitation du sable ? Du côté des États, on coopère Le sable manque déjà dans certaines régions du monde, alors que la croissance et le développement de l'Asie et de l'Afrique s'accélèrent. Pour lutter contre les dérives liées à l’exploitation du sable les États doivent établir une gouvernance concertée, sensibiliser et accompagner les autorités régionales mais aussi mobiliser les acteurs du secteur. C’est ce que préconise l’ONU dans son rapport « Sable et développement durable : trouver de nouvelles solutions pour la gouvernance environnementale des ressources mondiales en sable. » le rapport de l’onu le rapport de l’onu Du côté des industriels, on recycle ? Selon les professionnels du granulat, l’avenir n’est pas en mer, mais sur les plateformes de recyclage. Chaque année, 100 millions de tonnes de granulats sont récupérées sur les chantiers de déconstruction du BTP. L’essentiel de ces gravats sert aux sous-couches des routes. Mais des recherches sont menées pour tâcher de refaire du béton à partir de ces déchets.La France produit chaque année 260 millions de tonnes de déchets issus du BTP, mais seule une fraction de ces déchets est recyclée. Pour y remédier, le programme national Recybeton a été lancé il y a six ans. L’objectif : mener des recherches pour trouver des moyens de réutiliser l’intégralité des matériaux issus de bétons déconstruits pour en fabriquer de nouveaux. Chaque année, les chercheurs livrent leurs préconisations pour améliorer les pratiques des acteurs du secteur. Autres axes à approfondir Augmenter l’exigence de béton recyclé dans les cahiers des charges établis par le secteur public, particulièrement consommateur de béton via son activité de construction d’infrastructures et de routes. Utiliser des matériaux alternatifs : terre, bois, paille et autres matériaux bio-sourcés.Refréner nos envies de gigantisme : bâtir moins et moins grand. En savoir plus sur Recybeton En savoir plus sur Recybeton On trie ses déchets de chantier lorsque l’on fait des travaux Lorsque l’on fait appel à des entrepreneurs pour des travaux de construction, de rénovation ou de démolition, on règle des frais pour l’évacuation des gravats et la mise en déchèterie. Mais comme son accès est payantpour les professionnels, certaines entreprises peu scrupuleuses se débarrassent de ces déchets encombrants dans des lieux non autorisés. Plus de 580 décharges sauvages de gravats ont été identifiées en France. Pourtant, les gravats peuvent se recycler ! Beaucoup de déchèteries publiques acceptent les gravats des professionnels à certaines conditions (volume et prix) mais il existe aussi des déchèteries privées pour les gravats. Les volumes supérieurs peuvent être pris en charge par un professionnel. Vous pouvez alors exiger de votre entrepreneur qu’il vous présente un certificat de dépôt en déchèterie pour vous en assurer. POINT DE COLLECTE POINT DE COLLECTE On suit de près les projets d’extraction de sable en France Sur les 356 millions de tonnes de minéraux extraits en France, 90% sont des graviers et du sable. Un des grands projets d’extraction de sable marin a été autorisé en 2015 dans la baie de Lannion en Bretagne. Le collectif citoyen « Le peuple des dunes » s’empare alors du sujet pour alerter des risques pour l’environnement, les activités de pêche et le tourisme. On peut les suivre et les soutenir ici : LE PEUPLE DES DUNES LE PEUPLE DES DUNES Pour trouver un point de collecte près de chez soi, c’est par ici : On suit l’enquête collaborative internationale sur les scandales écologiques Le « Green Blood Project » est le fruit d’une enquête collaborative menée par le collectif de 40 journalistes Forbidden Stories. Les 40 journalistes du réseau poursuivent les enquêtes de confrères assassinés pour avoir voulu révéler le coût environnemental et humain de l’industrie minière en Afrique, en Asie et en Amérique centrale. En est issu un éco-documentaire en 4 épisodes à regarder ici : On regarde le documentaire « Sable : enquête sur une disparition » À l’issue d’une investigation méticuleuse, le réalisateur Denis Delestrac y relate la bataille à laquelle se livrent entrepreneurs, contrebandiers, politiques et populations locales autour de ce nouvel or jaune. Nous emmenant du Maroc à Singapour en passant par l’Indonésie, la Floride ou la France, le documentaire nous fait comprendre les tenants et les aboutissants d’un drame écologique, social et humain qui pourrait conduire à la disparition des plages. Une partie de l’enquête porte notamment sur le décès du journaliste Jagendra Singh comme trois autres journalistes en 2015 alors qu’il menait l’enquête sur le trafic de sable en Inde. Pour en savoir plus sur l’enquête menée par Forbidden Stories sur cette disparition et les exactions des mafias du sable, c’est par ici : Green blood project Green blood project Forbidden stories Forbidden stories Voir le documentaire Voir le documentaire UN ENVIRONNEMENT | ADEME | DELESTRAC Denis, Le sable, Enquête sur une disparition (2013) | HIAULT Richard, La guerre mondiale du sable est déclarée, LesEchos.fr (24 février 2016) Une infographie Qqf réalisée en partenariat avec
27 et 40 Les data centers ? Ce sont de sortes de grosses usines dans lesquelles transitent et sont stockées toutes les données que nous produisons et sollicitons. Cela va du petit mail au collègue à l’album photo Summer 2019 stocké sur le cloud en passant par nos soirées de binge watching. Tous les gros acteurs du numérique ont leur propre data center (Apple, Google, Facebook). Ils tournent à plein régime 24h/24, 7j/7. Leur règle N°1 : elles ne doivent jamais planter sinon, pouf, Internet est cassé. L’énergie consommée est immense pour garantir un fonctionnement sans faille. Les serveurs émettent une grande chaleur qu’il faut réduire grâce à un système de climatisation hyper efficace, ce qui consomme également une énergie folle. C’est le serpent qui se mord la queue et la facture énergétique finale est très salée. Le refroidissement constitue à lui seul 40% la facture électrique des data centers. Tant est si bien qu’un Data center consomme autant d’électricité qu’une ville de 30 000 habitants. Le sable, une ressource qui pourrait bien nous filer entreles doigts. 1 On ne s’en doute pas mais le sable est la 2 e ressource naturelle la plus exploitée après l’eau. Pourquoi ? Il est absolument partout : dans le béton des immeubles, dansles vitres, dans les ordinateurs, dans l'asphalte des routes,dans les téléphones, dansles peintures, dans les lessiveset même dans les cosmétiques. On estime ainsi qu’entre 27 et 40 milliards de tonnes de sable sont extraites chaque annéesur la planète. de sable par jour par personne(le poids d’un petit phoque) 18kg Soit une moyenne de Il y a presque autant de grains de sablesur Terre que d’étoilesdans l’univers. Pourtant, le sable exploitable n’existequ’en quantité limitée sur la planète.Son exploitation effrénée crééedes tensions deplus en plus fortes. Comment ? Pourquoi ? Creusons le sujet. Le secteurdu BTP est incontestablement le plus gourmand en consommation de sable Il y a un siècle et demi, un nouveau matériau révolutionne le monde de la construction : le béton. 2/3 1/3 de sable de ciment il est facile à produire, très solide et peu coûteux, il va progressivement modeler presque tous nos lieux de vie. Aujourd’hui, les 2/3 des constructions mondiales sont réalisées en béton C’est qu’il en fautdu sable pour réalisertoutes ces constructions ! 200 TONNES pour une maison de taille moyenne 30 000 TONNES par km pour une autoroute 12 MIllions de tonnes pour une centrale nucléaire Et les bâtiments poussent comme des champignons dans certaines parties du monde 60%du sable consommé chaqueannée est utilisé par la Chine, un pays à l’urbanisation galopante. La Chine a consommé autant de sable ces 4 dernières annéesque les États-Unis en un siècle. Chine États-Unis 1900 2020 2016 Shenzhen 35 000 Dans les années 1970,Shenzhen étaitune petite ville de personnes. Aujourd’hui,cette métropoletentaculaire compte officiellement 12millions d’habitants (c’est-à-dire plus que New York, Londres ou Paris) avec ses tours dortoir et ses gratte-ciel à perte de vue.  AUJOURD’HUI 1970 X343
Certains projets fous sortent littéralementde terre grâceau sable Après la fabrication de ciment,la poldérisation, une technique pour créer artificiellement des surfaces terrestres sur la mer,est la seconde utilisation la plus importante de sable. Deux villes se distinguentpour leurs projets titanesquesde poldérisation. Singapour, toujours plus grandeEn plein essor démographique mais de petite taille et entourée d’eau de toute part, la ville Étata trouvé une solution : gagnerdu terrain sur la mer. Pour y parvenir, elle a utilisé de gigantesques quantités de sable. Singapour a ainsi augmentésa superficie de 20% au cours des 40 dernières années, devenant ainsi le plus gros importateur de sable au monde. Le sable, principalement importé d’Indonésie, aurait provoquéla disparition de 24 îles. La ville prévoit une extensionde ses terres de 100km² supplémentaires d’ici 2030. Dubaï, des îles en pagailleAu début des années 2000, Dubaï lance le projet« Palm Island ». 150 millions de tonnes de sable seront utilisées pour construireun archipel d’îles artificielles en forme de palmier. Sur cette lancée, le projet« The World » voit le jour en 2003. 14 MILLIARDS de dollars et une consommation de 500 MILLIARDS de tonnes de sable, la crise de 2008 marque l’arrêt du chantier qui ne sera jamais achevé. 120 MILLIONSDE MILLIARDS L’objectif : recréer un planisphère géant composéd’îles artificielles représentant chacune un pays. Avec un budget estimé à Par ailleurs, le sable est devenu un élément indispensable de nos sociétés hyperconnectées.C’est un des composants essentiels à la fabricationdes microprocesseurs.Sans lui, pas d’ordinateurs, de téléphones portables, de cartes bancaires, etc. C’est ainsique bientôt, les précieux grains risquent de se faire rares Sous l’effet de la croissance démographique,de l'évolution de nos modesde consommationet de l'urbanisation croissante, la demandede sable a tripléau cours des deux dernières décennies. AUJOURD’HUI 2000 X3 À première vue, il sembleexister en quantité infinie : on le trouve sur terre, dansla mer et dans les déserts. C’est vraiqu’avec un volume estimé à de tonnes, on penseraitne jamais pouvoir être à court de sable. Seulement, notre consommation effrénée de sable se heurte à deux problèmes 1. La majeure partie de ce sable est inaccessible ou impropre à une utilisation industrielle.Le sable des déserts est inutilisable par exemple, caril est trop fin. Il est impossiblede l’agglomérer pour fabriquer du ciment. C’est pourquoi Dubaï,pourtant entourée de désert,a dû importer des quantités astronomiques de sable d’Australie pour construireBurj Kalifa, le plus hautgratte-ciel du monde. 2. La régénérationdu sable est perturbéepar les barrages.Les 60 000 grands barrages construits à travers le monde retiennent ¼ du sable de la planète. Les sédiments qui, en temps normal, se dirigentpar le lit des rivières vers la mer et les plages, y sont emprisonnés. Le sable exploitable voit donc ses réserves fondre face à l’augmentation de la demande Dans un premier temps, le sable était extrait dans des mines ou carrières terrestres, mais avec l’explosion des constructions à travers le monde, les réserves s’épuisent progressivement. Il faut donc creuser ailleurs,plus précisément dans L’océan.La solution a donc été d'aller chercher le sable dans les océans et les mers, le plus près possible des côtes pour des raisons de coûts et d'efficacité. De nombreuses sociétés mondiales d’extraction de sable marin ont ainsi vu le jour. Cette exploitation encore minime (2,5% de la production totale de sable)est vouée à s’accélérer à mesure que les carrières terrestres s’épuisent. Aujourd’hui, l’extraction de sable marin s’élève à 75 millions de tonnes annuelles. 95 m NS de photos et vidéos sont postées sur Instagram 1,6 m DS de photos envoyées 250 m NS de vidéos envoyées 3 m DS de snaps postés
À force de creuser pour extraire du sable, on risque de toucher le fondEn prenant de l’ampleur, l'extraction de sable dansles mers et océans a commencé à poser de nombreux problèmes Les plagesdisparaissent Entre 75% et 90% des plages dumonde reculent ! Commentça se fait ?Le sable est de plus en plus souvent extrait des plages et des littoraux. Pour extraire ce sable marin, des bateaux traînent des appareils sous-marins le long des côtes qui aspirent le sable des dunes sous-marines et le rejettent sur le pont. Cela crée des trous dans le fond marin que la mer comble naturellement avec du sable provenant des plages. Cela provoque l'érosion du littoral. Lorsque le sable est aspiré, les animaux et les plantes le sont aussi. Tous les organismes vivants des fonds marins sont éliminés, or ils constituent la base de la chaîne alimentaire marine. La survie de toutes les espèces est en péril. Au bout de la chaîne, des milliers de familles de pêcheurs voient leur moyen de subsistance disparaître à petit feu. La faune et la flore sont détériorées Les plages sont un rempart naturel contre les tempêtes. En accélérant leur érosion, on se prive de leur protection. Les côtes sont moins bien protégées Avec l’érosion des côtes, l’eau de mer s’infiltre via les estuaires, ce qui salinise et rend les terres agricoles inexploitables. Les terres agricoles sont en péril L’exploitationdu sable devient l’objet d’un trafic clandestinConsidéré comme une ressource infinie et gratuite, les faibles réglementations qui encadrent l’exploitation du sable sont facilement contournées à travers le monde. Corruption des administrations, guerres de territoires, exploitation des travailleurs, dégradations environnementales, mise en danger des populations : le sable est au cœur d'un vaste problème mondial dont aucune autorité ne semble vouloir prendre la mesure. Au Maroc,la moitié du sable, utilisédans les chantiers, soit 10 millions de m³ par an, provient de l’extraction illégale sur les côtes. Le long du littoral marocain,les « marchands de sable »n’hésitent pas à recruter des enfants pour réaliserce travail ardu. En Inde,deuxième pays consommateur de sable de construction après la Chine, l’exploitation et le commerce de cet or jaune est tenu par des mafias très organisées, notamment le long des côtes du Tamil Nadu dans le sud du pays. En 2013, face aux abus des sociétés privées, les autorités gouvernementales finissent par prendre des mesures pour interdire l’exploitation. Malgré cela, des exploitants privés ont continué d’exporter plus de deux millions de tonnes métriques de minerais dans le monde entre 2013 et 2016, notamment vers la Chine, le Japon, les États-Unis, les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite, l’Allemagne et même la France. Les journalistes indiens qui ont tenté de mener l'enquête sur le sujet ont été victimes d’intimidation et même de meurtre. Le Cambodgeest devenu l’épicentre d'unvaste commerce de sable,pour répondre aux besoins gargantuesques de ses voisins ravageant les écosystèmes locaux et fragilisant les habitants. La réalisatrice cambodgienne Kalyanee Mam, dénonce cette situation dans un court-métrage intitulé Lost World. Elle y montre comment l’extraction du sable des rivières de l’île de Koh Sralau a provoqué l’extinction de la faune et de la flore, notamment de la mangrove. Le documentaire explique comment le sable cambodgien a permis de construire l’Ecoparc de Gardens by the Bay à Singapour, une attraction qualifiée de « verte » par les autorités locales. Regarder lost world pour endiguer les dérives liées à l’exploitation du sable ? Du côté des États, on coopère Le sable manque déjà dans certaines régions du monde, alors que la croissance etle développement de l'Asieet de l'Afrique s'accélèrent.Pour lutter contre les dérives liées à l’exploitation du sableles États doivent établirune gouvernance concertée, sensibiliser et accompagnerles autorités régionales mais aussi mobiliser les acteurs du secteur.C’est ce que préconise l’ONU dans son rapport « Sable et développement durable : trouver de nouvelles solutions pour la gouvernance environnementale des ressources mondiales en sable. » Du côté des industriels, on recycle ? Selon les professionnels du granulat, l’avenir n’est pas en mer, mais sur les plateformes de recyclage. Chaque année, 100 millions de tonnes de granulats sont récupérées sur les chantiers de déconstruction du BTP. L’essentiel de ces gravats sert aux sous-couches des routes. Mais des recherches sont menées pour tâcher de refaire du béton à partir de ces déchets.La France produit chaque année 260 millions de tonnes de déchets issus du BTP, mais seule une fraction de ces déchets est recyclée. Pour y remédier, le programme national Recybeton a été lancé il y a six ans. L’objectif : mener des recherches pour trouver des moyens de réutiliser l’intégralité des matériaux issus de bétons déconstruits pour en fabriquer de nouveaux. Chaque année, les chercheurs livrent leurs préconisations pour améliorer les pratiques des acteurs du secteur. Autres axes à approfondir Augmenter l’exigence de béton recyclé dans les cahiers des charges établis par le secteur public, particulièrement consommateur de béton viason activité de construction d’infrastructures et de routes.Utiliser des matériaux alternatifs : terre, bois, paille et autres matériaux biosourcés.Refréner nos envies de gigantisme : bâtir moinset moins grand. LE RAPPORT DE L’ONU EN SAVOIR PLUS SUR RECYBETON
Et à notre échelle, que faire ? On trie ses déchets de chantier lorsque l’on fait des travauxLorsque l’on fait appel à des entrepreneurs pour des travaux de construction, de rénovation ou de démolition, règle des frais pour l’évacuation des gravatset la mise en déchèterie.Mais comme son accès est payant pour les professionnels, certaines entreprises peu scrupuleuses se débarrassent de ces déchets encombrants dans des lieux non autorisés.Plus de 580 décharges sauvages de gravats ontété identifiées en France. Pourtant, les gravats peuvent se recycler ! Beaucoup de déchèteries publiques acceptent les gravats des professionnels à certaines conditions (volume et prix) mais il existe aussi des déchèteries privées pour les gravats.Les volumes supérieurs peuvent être pris en charge par un professionnel.Vous pouvez alors exiger de votre entrepreneur qu’il vous présente un certificat de dépôt en déchèterie pour vous en assurer. Pour trouver un point de collecte près de chez soi, c’est par ici : POINT DE COLLECTE On suit l’enquête collaborative internationale sur les scandales écologiquesLe « Green Blood Project »est le fruit d’une enquête collaborative menée parle collectif de 40 journalistes Forbidden Stories. Les 40 journalistes du réseau poursuivent les enquêtes de confrères assassinés pour avoir voulu révéler le coût environnemental et humainde l’industrie minière en Afrique, en Asie et en Amérique centrale. En est issu un éco-documentaire en 4 épisodes à regarder ici : GREEN BLOOD PROJECT Une partie de l’enquête porte notamment sur le décès du journaliste Jagendra Singh comme trois autres journalistes en 2015 alors qu’il menait l’enquête sur le trafic de sable en Inde. Pour en savoir plus sur l’enquête menée par Forbidden Stories sur cette disparition et les exactions des mafias du sable, c’est par ici : FORBIDDEN STORIES On suit de près les projets d’extraction de sable en France Sur les 356 millions de tonnes de minéraux extraits en France, 90% sont des graviers et du sable.Un des grands projets d’extraction de sable marin a été autorisé en 2015 dans la baie de Lannion en Bretagne. Le collectif citoyen « Le Peuple des dunes » s’empare alors du sujet pour alerter des risques pour l’environnement, les activitésde pêche et le tourisme. On peutles suivre et les soutenir ici : LE PEUPLE DES DUNES On regardele documentaire « Sable : enquête sur une disparition » À l’issue d’une investigation méticuleuse, le réalisateur Denis Delestrac y relate la bataille à laquelle se livrent entrepreneurs, contrebandiers, politiques et populations locales autour de ce nouvel or jaune. Nous emmenant du Maroc à Singapour en passant par l’Indonésie, la Floride ou la France, le documentaire nous fait comprendre les tenants et les aboutissants d’un drame écologique, social et humain qui pourrait conduire à la disparition des plages. VOIR LE DOCUMENTAIRE Une infographie Qqfréalisée en partenariat avec UN ENVIRONNEMENT | ADEME | DELESTRAC Denis, Le sable, Enquête sur une disparition (2013) | HIAULT Richard, La guerre mondiale du sable est déclarée, LesEchos.fr (24 février 2016)