La Révolution verte est une politique de développement agricole mise en place dans certains pays en développement en 1960 (Mexique, Inde, Afrique du Sud, Zimbabwe, etc.) afin d'éviter les famines et d'accélérer l'évolution sociale et économique des pays à travers une agriculture fondée sur la technologie et la science : Aujourd'hui, les conséquences de cette politique sont contrastées. Si elle a permis d'augmenter les rendements et la productivité, évitant ainsi des famines, elle a également rencontré plusieurs écueils sur le plan environnemental et humain : dégradation profonde des sols et des nappes phréatiques, maladie et endettement des agriculteurs désormais dépendants des produits chimiques. La révolution verte, un tournant dans l'agriculture : Sélection de variétés améliorées à haut rendement (VHR) principalement pour deux céréales de base (riz et blé). Généralisation de l’utilisation d’engrais et de pesticides.  Meilleure maîtrise de l'irrigation et de l’approvisionnement en eau. Où ? Quel modèle ? On plante quoi ? Qu’est-ce qui pousse ? Comment ? Le plus : Le moins : En Afrique, dans une partie de l'Amérique latine et une partie de l'Asie. De plus petits rendements, des revenus précaires pour les paysans et paysannes et une plus grande vulnérabilité aux aléas climatiques (sécheresse, catastrophe naturelle, saison des pluies tardive ou précoce, etc.) et aux ravageurs naturels. Une grande biodiversité, un faible impact environnemental. Les paysans travaillent encore majoritairement à la main, avec des animaux et ont peu recours à des machines. Des variétés locales diverses. Des semences paysannes sélectionnées à la ferme suivant des procédés ancestraux ou des semences de fermes. Agriculture paysanne ou vivrière destinée à être consommée localement. En Amérique, en Europe, en Océanie, et dans une partie de l'Asie. Des impacts environnementaux et humains négatifs dont nous allons parler à la suite. De forts rendements, des produits homogènes et calibrés pour l'industrie agroalimentaire. Les exploitants agricoles s'appuient sur des outils mécanisés, comme les tracteurs et utilisent des produits phytosanitaires (pesticides, engrais). La monoculture (blé, riz, maïs, betterave, canne à sucre, etc.) et l'élevage intensif prévalent. Des semences commerciales développées par des semenciers dont la vente est réglementée. Agriculture intensive destinée au marché agroalimentaire et à l'export. Aujourd'hui, ces modèles sont tous deux des impasses :  La solution ne se situe pas d'un côté ou de l'autre mais dans une troisième voie.  D'un côté,l'agriculture vivrière maintient les populations dans la pauvreté et ne permet pas de les nourrir correctement. L'Afrique importe de plus en plus de denrées agricoles par exemple. De l'autre, l'agriculture intensive entraîne un lourd tribut pour l'environnement : pollution de l'eau, épuisement des sols, émissions de gaz à effet de serre, etc. Agriculture vivrière (faibles rendements)Riziculture inondéeÉlevage nomade Agriculture intensive (forts rendements)Grandes plantations tropicalesÉlevage extensif Team "agriculture vivrière" Team "agriculture intensive" Alors comment la téosinte est-elle devenue le maïs ? Au XX ème  siècle, l'émergence d'un nouveau modèle agricole va tout changer ! Une sélection naturelle s'est opérée dans le temps "façon Darwin" : Face aux conditions naturelles (climat, nature du sol, agresseurs naturels) certaines plantes ont mieux résisté que d'autres et leurs graines se sont retrouvées dans les semis suivants. Une sélection de plus en plus pointue : Avec les progrès de la connaissance génétique et biologique, la sélection des variétés va se perfectionner. On sait désormais isoler les atouts de certaines plantes et les rassembler pour créer des variétés de meilleure qualité avec de plus forts rendements. La sélection des graines va progressivement quitter la ferme et se professionnaliser entrainant l'émergence de nouveaux acteurs : les semenciers. De l'agriculture vivrière à l'agriculture moderne : À partir des années 1950, les différentes parties du globe empruntent des chemins différents en matière d'agriculture. Résultat, où en est-on aujourd'hui ? Plusieurs modèles agricoles coexistent à l'échelle de la planète et dans chacun, la collecte et la nature des semences diffèrent. Surtout, l'humain a ajouté son grain… de sel : Au fil des siècles, les paysans ont sélectionné les plantes les plus robustes et résistantes aux maladies, celles qui conservent leurs grains sur leurs épis pour faciliter la cueillette, celles qui produisent les meilleurs rendements, avec les meilleures propriétés digestives et gustatives. En décidant de ressemer certaines graines plutôt que d’autres, les paysans ont créé une sélection artificielle. C'est ainsi que les plantes ont été domestiquées et sont arrivées jusqu'à nous dans leurs formes actuelles. Dans les pays occidentaux : Des politiques agricoles publiques sont mises en place afin d'accélérer le développement économique et social des pays et répondre aux besoins d'une population croissante. Elles s'appuient sur :    les progrès réalisés en matière de sélection variétale    l'émergence d'outils mécanisés (tracteurs, etc.)   l'usage de produits chimiques    la recherche, la formation et le conseil technique   le soutien financier Au XX ème  siècle, l'humanité connait une progression démographique sans précédent : on passe de 1,6 milliard Une grande question se pose alors : comment nourrir toutes ces bouches ? Cela va provoquer un bouleversement de nos modèles agricoles et transformer la place des semences dans l'agriculture. Dans les pays en développement : Deux types d'agricultures cohabitent. À la fois un modèle agricole vivrier et des formes d'agricultures plus intensives.   l'agriculture vivrière est peu structurée. Elle est plutôt destinée à la subsistance locale   l'agriculture intensive adoptée dans les pays en développement est souvent orientée vers l'exportation à plus de 7 milliards d'individus. La graine au centre de notre alimentation donc de la civilisation : Il y a 10 000 ans, les humains, plutôt malins, explorent les pouvoirs incroyables des graines et se mettent à les ressemer, les sélectionner, et à les stocker pour produire leur nourriture : l'agriculture était née !Et là, tout change : L'humain se sédentarise : Plutôt que de poursuivre une vie nomade à la recherche de gibiers, baies et plantes à se mettre sous la dent, des humains s'installent et organisent la reproduction des plantes pour produire leur propre nourriture dans un lieu donné. Cette nouvelle organisation sociale et alimentaire favorisera l'émergence des premiers villages avec leurs greniers qui deviendront les villes puis les mégapoles d'aujourd'hui ! Bref, ce sera le fondement de notre civilisation. À LA MAISON L'humain façonne son environnement : Plutôt que de subir les aléas de la nature, les humains adaptent leur environnement pour répondre à leurs besoins. Ils transforment les paysages à travers le développement de techniques agricoles (terrassement, irrigation, clôtures, haies, transports et stockage). Ils bouleversent la biodiversité végétale et animale à travers des milliers d'années de sélection et de domestication : Téosinte Maïs L'ancêtre sauvage du maïs vient du Mexique. Il a une forme allongée et il produit quelques petits grains. Pas de quoi faire du pop corn… sauvage domestiquée 9 000 plus tard, à force de sélection, le maïs devient la star des céréales. Avec ses beaux épis garnis de gros grains, elle est la 3 ème  céréale la plus cultivée du monde. Au fil des générations, les agriculteurs sélectionnent les variétés les plus fertiles, robustes, résistantes aux maladies, digestes, celles qui ont le meilleur rendement et goût. Sélection végétale vs Auroch Vache L'ancêtre sauvage de toutes les races de vaches a longtemps régné sur les grandes plaines préhistoriques de l’Eurasie et du nord de l’Afrique. C’est lui qui est représenté sur les parois de la grotte de Lascaux. sauvage domestiquée 10 000 ans plus tard, à force de croisements, 1,5 milliards de taureaux et de vaches descendent des aurochs. Ils deviennent la 3 ème  viande la plus consommée au monde, sans parler de leurs produits dérivés lactés ! Avec les plantes qu'ils font pousser, les agriculteurs nourrissent des animaux qu'ils se mettent à domestiquer. Domestication animale vs Nous vivons dans un monde de graines. Au fil du temps, elles ont contribué à façonner notre environnement et notre civilisation. Sans elles, pas de semis, donc pas d'agriculture et d'élevage. Comment en est-on arrivés là ? Pourquoi nos assiettes présentent-elles si peu de diversité d'un bout à l'autre de la planète ? Faut-il s'inquiéter de cette perte de diversité végétale ? Car oui, des graines dépend notre subsistance sur Terre, rien que ça !On vous explique tout ! La surprenante histoire des graines Déjà, qu'est-ce qu'une graine ? La graine est un peu comme l'œuf de la plante. Elle contient un embryon de plante en devenir (la plantule). Cela n'a pas toujours été le cas mais aujourd'hui, Et une semence ? La graine destinée à être plantée pour faire pousser une plante est appelée semence. La base de la flore provient des graines ainsi que les fruits et légumes que nous mangeons. 90% Si à la base, la nature fourmille de graines et de plantes de toutes sortes, aujourd'hui 3/4des aliments de la planète proviennent de 12espèces végétales seulement.
Conclusion : Le rapport de l'homme à la graine en dit long sur son rapport au vivant. Longtemps domestiquées et sélectionnées à la ferme, les semences utilisées dans le cadre de l'agriculture intensive sont désormais standardisées. Si ce modèle a permis d'augmenter les rendements et d'accompagner la transition démographique de la planète, il atteint aujourd'hui un plafond de verre (dépendance aux intrants chimiques et aux énergies fossiles, perte de diversité, vulnérabilité face au changement climatique).Si l'on ne peut revenir à une agriculture vivrière ni poursuivre dans le modèle intensif actuel, il faut trouver une voie intermédiaire, fondée sur des techniques plus durables, la protection de la biodiversité, le partage de connaissances, la coopération de toutes les parties prenantes de l'agro-alimentaire (dont nous, les consommateurs), et la recherche de solutions adaptées à chaque territoire. Pour cela, les semences vont jouer un rôle central mais nous allons voir qu'une lutte de pouvoir se trame derrière ces petites graines. On vous raconte tout dans le prochain épisode ! Une série d’infographies QQF réalisée en partenariat avec Sources AFD l OCDE l iD4D l Seed Tour l FAO l FAO l Et le monde devint silencieux, Stéphane Foucart, Seuil, 2019 l Ministère de la transition écologique Et du côté des graines, qu'est-ce que cela donne ? Quel que soit le modèle agricole, les semences y occupent une place centrale. Si dans le modèle vivrier, elles sont le plus souvent produites à la ferme, la majorité des semences utilisées aujourd'hui dans les pays développés sont des semences certifiées, développées par des entreprises semencières. Elles sont issues d'une sélection pointue destinée à leur attribuer certaines qualités : rendement, homogénéité, stabilité variétale. Ce modèle a entraîné des rendements spectaculaires : L'humanité subvient à des besoins alimentaires grandissants : Mais aujourd'hui, le modèle agricole fondé sur les semences standardisées atteint ses limites : 1960 Aujourd’hui 1/3 de la production agricole est destinée à l'élevage. La faim dans le monde recule :En 20 ans, le nombre de personnes sous-alimentées a diminué de plus de 200 millions (mais près de 800 millions souffrent toujours d'insécurité alimentaire alors on ne s'emballe pas trop).La cause première de la malnutrition n'est plus le manque de nourriture mais la pauvreté, souvent exacerbée par les conflits, qui empêche d’accéder aux produits alimentaires. La production est moins pénible et plus rentable :Bien que les revenus soient disparates dans le monde agricole, la production végétale et céréalière génère de meilleurs revenus qu'avant. De plus, l'homogénéité des plantes facilite la mécanisation donc réduit la pénibilité du travail. La recherche avance : Des institutions de recherches publiques et privées sont de plus en plus performantes, et mobilisent des technologies prometteuses pour faire face aux aléas futurs. Une perte de diversité inquiétante : La sélection accrue des graines a conduit à l'uniformisation des cultures et à la réduction du nombre de variétés et d'espèces utilisées pour l’alimentation. Une forte dépendance aux produits chimiques L'uniformisation des variétés dans les champs réduit leur résistance aux différentes menaces qui pèsent sur elles (maladies, ravageurs, aléas climatiques). Non seulement, elles sont plus fragiles mais elles ne bénéficient pas de l'aide des autres variétés pour se protéger. Les semences standardisées sont donc vendues avec des engrais et des pesticides chargés de leur donner un coup de pouce. On appelle cela le "pack technologique". Une perte d'autonomie des agriculteursAujourd'hui, le modèle agricole intensif est totalement dépendant des grandes entreprises semencières. C'est une vulnérabilité supplémentaire dans un contexte mondial de tensions financières, économiques, politiques et sociales croissantes. Cela peut, entre autres, entraîner des défauts d’approvisionnement, ou des augmentations de coût impossibles à absorber pour les agriculteurs. Une escalade technologique et scientifiqueLe développement de nouvelles semences toujours plus performantes et résistantes nécessite d'énormes investissements dans la recherche. Le seul moyen de rendre ce travail rentable est la mise en place de brevets. Les systèmes sont différents en Europe et aux États-Unis mais l'effet est le même : protégées par des droits de propriété, les semences ne sont pas accessibles à tous et leur usage est strictement réglementé ce qui accentue la dépendance des agriculteurs. Des plantes plus vulnérablesStandardisées, uniformisées, les semences commerciales ne sont pas capables de résister seules aux aléas climatiques et de s'adapter aux différents terroirs. Elles ont donc besoin d'une béquille chimique pour se protéger. Cela pose deux problèmes majeurs : La pollution chimique des sols et des nappes phréatiques. En France, des pesticides ont été trouvés dans 80% des points de mesure des eaux souterraines. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 75 % de la diversité génétique des plantes cultivées a été perdue depuis le début du XXème siècle. Or, c'est justement la biodiversité qui sous-tend nos systèmes alimentaires. En disparaissant, elle menace gravement l'avenir de notre alimentation, de nos moyens de subsistance, de notre santé et de notre environnement. Entre 1960 et aujourd’hui, la population mondiale a plus que doublé, mais la production alimentaire, elle, a plus quetriplé ! 2000 - 200 MILIONS Aujourd’hui XXème Aujourd’hui LE PACK TECHNOLOGIQUE Cette logique accentue la dépendance des cultures aux produits chimiques.Elle entraine deux conséquences majeures : En Europe, 75%des insectes volants ont disparu depuis les années 1990 à cause des néonicotinoïdes. La destruction de la biodiversité pourtant indispensable aux écosystèmes agricoles. Dépendance aux pesticides Ce modèle ne fonctionne que tant que les engrais et les pesticides sont disponibles et qu'aucun événement ne vient troubler leur approvisionnement. Fragilité face au climat Avec le changement climatique, de nouveaux ravageurs vont émerger, les paysages agricoles vont se modifier et les stress climatiques (sécheresse, inondation, gel) vont s'accentuer, or les semences actuelles n'offrent pas assez de résilience face à ces aléas ce qui met en danger notre modèle agricole et alimentaire. 5 espèces animales. 3/4 des aliments de la planète proviennent de 12 espèces végétales et de Seules3 céréalesà savoir le riz, le blé et le maïs fournissent plus de la moitié des calories d’origine végétale et plus de 40% des apports énergétiques mondiaux. à peine3%des quelques250 000 variétés de plantes disponibles dans le monde sont cultivées.  5 d'entres elles détiennent le monopole de la vente des semences certifiées et des produits chimiques qui vont avec.
Nous vivons dans un monde de graines. Au fil du temps, elles ont contribué à façonner notre environnement et notre civilisation. Sans elles, pas de semis, donc pas d'agriculture et d'élevage. La surprenante histoire des graines Si à la base, la nature fourmille de graines et de plantes de toutes sortes, aujourd'hui 3/4des aliments de la planète proviennent de 12espèces végétales seulement. La graine au centre de notre alimentation donc de la civilisation : L'humain se sédentarise : Plutôt que de poursuivre une vie nomade à la recherche de gibiers, baies et plantes à se mettre sous la dent, des humains s'installent et organisent la reproduction des plantes pour produire leur propre nourriture dans un lieu donné. Cette nouvelle organisation sociale et alimentaire favorisera l'émergence des premiers villages avec leurs greniers qui deviendront les villes puis les mégapoles d'aujourd'hui ! Bref, ce sera le fondement de notre civilisation. À LA MAISON Comment en est-on arrivés là ? Pourquoi nos assiettes présentent-elles si peu de diversité d'un bout à l'autre de la planète ? Faut-il s'inquiéter de cette perte de diversité végétale ? Car oui, des graines dépend notre subsistance sur Terre, rien que ça !On vous explique tout ! Déjà, qu'est-ce qu'une graine ? La graine est un peu comme l'œuf de la plante. Elle contient un embryon de plante en devenir (la plantule). Cela n'a pas toujours été le cas mais aujourd'hui, de la flore provient des graines ainsi que les fruits et légumes que nous mangeons. Et une semence ? La graine destinée à être plantée pour faire pousser une plante est appelée semence. La base 90% Il y a 10 000 ans, les humains, plutôt malins, explorent les pouvoirs incroyables des graines et se mettent à les ressemer, les sélectionner, et à les stocker pour produire leur nourriture : l'agriculture était née !Et là, tout change : L'humain façonne son environnement : Plutôt que de subir les aléas de la nature, les humains adaptent leur environnement pourrépondre à leurs besoins. Ils transforment les paysages à travers le développement de techniques agricoles (terrassement, irrigation, clôtures, haies, transports et stockage). Ils bouleversent la biodiversité végétale et animale à travers des milliers d'années de sélection et de domestication : Téosinte Maïs L'ancêtre sauvage du maïs vient du Mexique. Il a une forme allongée et il produit quelques petits grains. Pas de quoi faire du pop corn… sauvage domestiquée 9 000 plus tard, à force de sélection, le maïs devient la star des céréales. Avec ses beaux épis garnis de gros grains, elle est la 3 ème céréale la plus cultivée du monde. Au fil des générations, les agriculteurs sélectionnent les variétés les plus fertiles, robustes, résistantes aux maladies, digestes, celles qui ont le meilleur rendement et goût. Sélection végétale vs Auroch Vache L'ancêtre sauvage de toutes les races de vaches a longtemps régné sur les grandes plaines préhistoriques de l’Eurasie et du nord de l’Afrique. C’est lui qui est représenté sur les parois de la grotte de Lascaux. sauvage domestiquée 10 000 ans plus tard, à force de croisements, 1,5 milliards de taureaux et de vaches descendent des aurochs. Ils deviennent la 3 ème  viande la plus consommée au monde, sans parler de leurs produits dérivés lactés ! Avec les plantes qu'ils font pousser, les agriculteurs nourrissent des animaux qu'ils se mettent à domestiquer. Domestication animale vs
Alors comment la téosinte est-elle devenue le maïs ? Une sélection naturelle s'est opérée dans le temps "façon Darwin" : Face aux conditions naturelles (climat, nature du sol, agresseurs naturels) certaines plantes ont mieux résisté que d'autres et leurs graines se sont retrouvées dans les semis suivants. Surtout, l'humain a ajouté son grain… de sel : Au fil des siècles, les paysans ont sélectionné les plantes les plus robustes et résistantes aux maladies, celles qui conservent leurs grains sur leurs épis pour faciliter la cueillette, celles qui produisent les meilleurs rendements, avec les meilleures propriétés digestives et gustatives. En décidant de ressemer certaines graines plutôt que d’autres, les paysans ont créé une sélection artificielle. C'est ainsi que les plantes ont été domestiquées et sont arrivées jusqu'à nous dans leurs formes actuelles. Au XX ème siècle, l'émergence d'un nouveau modèle agricole va tout changer ! Au XX ème  siècle, l'humanité connait une progression démographique sans précédent : on passe de 1,6 milliard à plus de 7 milliards d'individus. Une sélection de plus en plus pointue : Avec les progrès de la connaissance génétique et biologique, la sélection des variétés va se perfectionner. On sait désormais isoler les atouts de certaines plantes et les rassembler pour créer des variétés de meilleure qualité avec de plus forts rendements. La sélection des graines va progressivement quitter la ferme et se professionnaliser entrainant l'émergence de nouveaux acteurs : les semenciers. Une grande question se pose alors : comment nourrir toutes ces bouches ? Cela va provoquer un bouleversement de nos modèles agricoles et transformer la place des semences dans l'agriculture. De l'agriculture vivrière à l'agriculture moderne : À partir des années 1950, les différentes parties du globe empruntent des chemins différents en matière d'agriculture. Dans les pays en développement : Deux types d'agricultures cohabitent. À la fois un modèle agricole vivrier et des formes d'agricultures plus intensives.   l'agriculture vivrière est peu structurée. Elle est plutôt destinée à la subsistance locale   l'agriculture intensive adoptée dans les pays en développement est souvent orientée vers l'exportation Dans les pays occidentaux : Des politiques agricoles publiques sont mises en place afin d'accélérer le développement économique et social des pays et répondre aux besoins d'une population croissante. Elles s'appuient sur :    les progrès réalisés en matière de sélection variétale    l'émergence d'outils mécanisés (tracteurs, etc.)   l'usage de produits chimiques    la recherche, la formation et le conseil technique   le soutien financier
tonnes extraites des mines La Révolution verte est une politique de développement agricole mise en place dans certains pays en développement en 1960 (Mexique, Inde, Afrique du Sud, Zimbabwe, etc.) afin d'éviter les famines et d'accélérer l'évolution sociale et économique des pays à travers une agriculture fondée sur la technologie et la science : Aujourd'hui, les conséquences de cette politique sont contrastées. Si elle a permis d'augmenter les rendements et la productivité, évitant ainsi des famines, elle a également rencontré plusieurs écueils sur le plan environnemental et humain : dégradation profonde des sols et des nappes phréatiques, maladie et endettement des agriculteurs désormais dépendants des produits chimiques. La révolution verte, un tournant dans l'agriculture : Sélection de variétés améliorées à haut rendement (VHR) principalement pour deux céréales de base (riz et blé). Généralisation de l’utilisation d’engrais et de pesticides.  Meilleure maîtrise de l'irrigation et de l’approvisionnement en eau. Agriculture vivrière (faibles rendements)Riziculture inondéeÉlevage nomade Agriculture intensive (forts rendements)Grandes plantations tropicalesÉlevage extensif Team "agriculture vivrière" Team "agriculture vivrière" Team "agriculture intensive" Résultat, où en est-on aujourd'hui ? Plusieurs modèles agricoles coexistent à l'échelle de la planète et dans chacun, la collecte et la nature des semences diffèrent. Où ? En Afrique, dans une partie de l'Amérique latine et une partie de l'Asie. Le moins : De plus petits rendements, des revenus précaires pour les paysans et paysannes et une plus grande vulnérabilité aux aléas climatiques (sécheresse, catastrophe naturelle, saison des pluies tardive ou précoce, etc.) et aux ravageurs naturels. Le plus : Une grande biodiversité, un faible impact environnemental. Comment ? Les paysans travaillent encore majoritairement à la main, avec des animaux et ont peu recours à des machines. Qu’est-ce qui pousse ? Des variétés locales diverses. On plante quoi ? Des semences paysannes sélectionnées à la ferme suivant des procédés ancestraux ou des semences de fermes. Quel modèle ? Agriculture paysanne ou vivrière destinée à être consommée localement. Team "agriculture intensive" Où ? En Amérique, en Europe, en Océanie,et dans une partie de l'Asie. Le moins : Des impacts environnementaux et humains négatifs dont nous allons parler à la suite. Le plus : De forts rendements, des produits homogènes et calibrés pour l'industrie agroalimentaire. Comment ? Les exploitants agricoles s'appuient sur des outils mécanisés, comme les tracteurs et utilisent des produits phytosanitaires (pesticides, engrais). Qu’est-ce qui pousse ? La monoculture (blé, riz, maïs, betterave, canne à sucre, etc.) et l'élevage intensif prévalent. On plante quoi ? Des semences commerciales développées par des semenciers dont la vente est réglementée. Quel modèle ? Agriculture intensive destinée au marché agroalimentaire et à l'export. Aujourd'hui, ces modèles sont tous deux des impasses :  La solution ne se situe pas d'un côté ou de l'autre mais dans une troisième voie.  D'un côté,l'agriculture vivrière maintient les populations dans la pauvreté et ne permet pas de les nourrir correctement. L'Afrique importe de plus en plus de denrées agricoles par exemple. De l'autre, l'agriculture intensive entraîne un lourd tribut pour l'environnement : pollution de l'eau, épuisement des sols, émissions de gaz à effet de serre, etc.
Et du côté des graines, qu'est-ce que cela donne ? Quel que soit le modèle agricole, les semences y occupent une place centrale. Si dans le modèle vivrier, elles sont le plus souvent produites à la ferme, la majorité des semences utilisées aujourd'hui dans les pays développés sont des semences certifiées, développées par des entreprises semencières. Elles sont issues d'une sélection pointue destinée à leur attribuer certaines qualités : rendement, homogénéité, stabilité variétale. Ce modèle a entraîné des rendements spectaculaires : L'humanité subvient à des besoins alimentaires grandissants : Entre 1960 et aujourd’hui, la population mondiale a plus que doublé, mais la production alimentaire, elle, a plus quetriplé ! 1960 Aujourd’hui 1/3 de la production agricole est destinée à l'élevage. La faim dans le monde recule :En 20 ans, le nombre de personnes sous-alimentées a diminué de plus de 200 millions (mais près de 800 millions souffrent toujours d'insécurité alimentaire alors on ne s'emballe pas trop).La cause première de la malnutrition n'est plus le manque de nourriture mais la pauvreté, souvent exacerbée par les conflits, qui empêche d’accéder aux produits alimentaires. 2000 - 200 MILIONS Aujourd’hui La production est moins pénible et plus rentable :Bien que les revenus soient disparates dans le monde agricole, la production végétale et céréalière génère de meilleurs revenus qu'avant. De plus, l'homogénéité des plantes facilite la mécanisation donc réduit la pénibilité du travail. La recherche avance : Des institutions de recherches publiques et privées sont de plus en plus performantes, et mobilisent des technologies prometteuses pour faire face aux aléas futurs. Mais aujourd'hui, le modèle agricole fondé sur les semences standardisées atteint ses limites : Une perte de diversité inquiétante : La sélection accrue des graines a conduit à l'uniformisation des cultures et à la réduction du nombre de variétés et d'espèces utilisées pour l’alimentation. 3/4 des aliments de la planète proviennent de 12 espèces végétales et de Seules3 céréalesà savoir le riz, le blé et le maïs fournissent plus de la moitié des calories d’origine végétale et plus de 40% des apports énergétiques mondiaux. à peine3%des quelques250 000 variétés de plantes disponibles dans le monde sont cultivées.  5 espèces animales.
Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 75 % de la diversité génétique des plantes cultivées a été perdue depuis le début du XXème siècle. Or, c'est justement la biodiversité qui sous-tend nos systèmes alimentaires. En disparaissant, elle menace gravement l'avenir de notre alimentation, de nos moyens de subsistance, de notre santé et de notre environnement. XXème Aujourd’hui LE PACK TECHNOLOGIQUE Une forte dépendance aux produits chimiques L'uniformisation des variétés dans les champs réduit leur résistance aux différentes menaces qui pèsent sur elles (maladies, ravageurs, aléas climatiques). Non seulement, elles sont plus fragiles mais elles ne bénéficient pas de l'aide des autres variétés pour se protéger. Les semences standardisées sont donc vendues avec des engrais et des pesticides chargés de leur donner un coup de pouce. On appelle cela le "pack technologique". La pollution chimique des sols et des nappes phréatiques. En France, des pesticides ont été trouvés dans 80% des points de mesure des eaux souterraines. Cette logique accentue la dépendance des cultures aux produits chimiques.Elle entraine deux conséquences majeures : En Europe, 75%des insectes volants ont disparu depuis les années 1990 à cause des néonicotinoïdes. La destruction de la biodiversité pourtant indispensable aux écosystèmes agricoles. Une perte d'autonomie des agriculteursAujourd'hui, le modèle agricole intensif est totalement dépendant des grandes entreprises semencières. C'est une vulnérabilité supplémentaire dans un contexte mondial de tensions financières, économiques, politiques et sociales croissantes. Cela peut, entre autres, entraîner des défauts d’approvisionnement, ou des augmentations de coût impossibles à absorber pour les agriculteurs. 5 d'entres elles détiennent le monopole de la vente des semences certifiées et des produits chimiques qui vont avec. Une escalade technologique et scientifiqueLe développement de nouvelles semences toujours plus performantes et résistantes nécessite d'énormes investissements dans la recherche. Le seul moyen de rendre ce travail rentable est la mise en place de brevets. Les systèmes sont différents en Europe et aux États-Unis mais l'effet est le même : protégées par des droits de propriété, les semences ne sont pas accessibles à tous et leur usage est strictement réglementé ce qui accentue la dépendance des agriculteurs. Des plantes plus vulnérablesStandardisées, uniformisées, les semences commerciales ne sont pas capables de résister seules aux aléas climatiques et de s'adapter aux différents terroirs. Elles ont donc besoin d'une béquille chimique pour se protéger. Cela pose deux problèmes majeurs : Dépendance aux pesticides Ce modèle ne fonctionne que tant que les engrais et les pesticides sont disponibles et qu'aucun événement ne vient troubler leur approvisionnement. Fragilité face au climat Avec le changement climatique, de nouveaux ravageurs vont émerger, les paysages agricoles vont se modifier et les stress climatiques (sécheresse, inondation, gel) vont s'accentuer, or les semences actuelles n'offrent pas assez de résilience face à ces aléas ce qui met en danger notre modèle agricole et alimentaire. Conclusion : Le rapport de l'homme à la graine en dit long sur son rapport au vivant. Longtemps domestiquées et sélectionnées à la ferme, les semences utilisées dans le cadre de l'agriculture intensive sont désormais standardisées. Si ce modèle a permis d'augmenter les rendements et d'accompagner la transition démographique de la planète, il atteint aujourd'hui un plafond de verre (dépendance aux intrants chimiques et aux énergies fossiles, perte de diversité, vulnérabilité face au changement climatique).Si l'on ne peut revenir à une agriculture vivrière ni poursuivre dans le modèle intensif actuel, il faut trouver une voie intermédiaire, fondée sur des techniques plus durables, la protection de la biodiversité, le partage deconnaissances, la coopération de toutes les parties prenantes de l'agro-alimentaire (dont nous, les consommateurs), et la recherche de solutions adaptées à chaque territoire. Pour cela, les semences vont jouer un rôle central mais nous allons voir qu'une lutte de pouvoir se trame derrière ces petites graines. On vous raconte tout dans le prochain épisode ! Une série d’infographies QQF réalisée en partenariat avec Sources AFD l OCDE l iD4D l Seed Tour l FAO l FAO l Et le monde devint silencieux, Stéphane Foucart, Seuil, 2019 l Ministère de la transition écologique