La Révolution verte est une politique de développement agricole mise en place dans
certains pays en développement en 1960 (Mexique, Inde, Afrique du Sud, Zimbabwe, etc.)
afin d'éviter les famines et d'accélérer l'évolution sociale et économique des pays à travers
une agriculture fondée sur la technologie et la science :
Aujourd'hui, les conséquences de cette politique sont contrastées.
Si elle a permis d'augmenter les rendements et la productivité, évitant ainsi des famines,
elle a également rencontré plusieurs écueils sur le plan environnemental et humain :
dégradation profonde des sols et des nappes phréatiques, maladie et endettement
des agriculteurs désormais dépendants des produits chimiques.
La révolution verte,
un tournant dans l'agriculture :
Sélection de variétés
améliorées à haut
rendement (VHR)
principalement pour deux
céréales de base (riz et blé).
Généralisation de
l’utilisation d’engrais
et de pesticides.
Meilleure maîtrise
de l'irrigation et de
l’approvisionnement
en eau.
Où ?
Quel modèle ?
On plante
quoi ?
Qu’est-ce
qui pousse ?
Comment ?
Le plus :
Le moins :
En Afrique, dans une partie de l'Amérique
latine et une partie de l'Asie.
De plus petits rendements, des revenus
précaires pour les paysans et paysannes
et une plus grande vulnérabilité aux aléas
climatiques (sécheresse, catastrophe naturelle,
saison des pluies tardive ou précoce, etc.)
et aux ravageurs naturels.
Une grande biodiversité,
un faible impact environnemental.
Les paysans travaillent encore
majoritairement à la main, avec des animaux
et ont peu recours à des machines.
Des variétés locales diverses.
Des semences paysannes sélectionnées
à la ferme suivant des procédés ancestraux
ou des semences de fermes.
Agriculture paysanne ou vivrière destinée
à être consommée localement.
En Amérique, en Europe, en Océanie,
et dans une partie de l'Asie.
Des impacts environnementaux
et humains négatifs
dont nous allons parler à la suite.
De forts rendements, des produits homogènes
et calibrés pour l'industrie agroalimentaire.
Les exploitants agricoles s'appuient sur des outils
mécanisés, comme les tracteurs et utilisent des
produits phytosanitaires (pesticides, engrais).
La monoculture (blé, riz, maïs, betterave,
canne à sucre, etc.) et l'élevage intensif
prévalent.
Des semences commerciales développées par
des semenciers dont la vente est réglementée.
Agriculture intensive destinée au marché
agroalimentaire et à l'export.
Aujourd'hui, ces modèles sont tous deux des impasses :
La solution ne se situe pas d'un côté
ou de l'autre mais dans une troisième voie.
D'un côté,
l'agriculture vivrière maintient les populations
dans la pauvreté et ne permet pas de les
nourrir correctement. L'Afrique importe de
plus en plus de denrées agricoles par exemple.
De l'autre,
l'agriculture intensive entraîne un lourd tribut
pour l'environnement : pollution de l'eau,
épuisement des sols, émissions de gaz à effet
de serre, etc.
Agriculture vivrière (faibles rendements)
Riziculture inondée
Élevage nomade
Agriculture intensive (forts rendements)
Grandes plantations tropicales
Élevage extensif
Team
"agriculture vivrière"
Team
"agriculture intensive"
Alors comment
la téosinte est-elle
devenue le
maïs
?
Au XX
ème
siècle,
l'émergence d'un nouveau
modèle agricole va tout changer !
Une sélection naturelle
s'est opérée dans le temps
"façon Darwin" :
Face aux conditions naturelles (climat, nature du sol,
agresseurs naturels) certaines plantes ont mieux résisté
que d'autres et leurs graines se sont retrouvées dans
les semis suivants.
Une sélection de plus
en plus pointue :
Avec les progrès de la connaissance génétique
et biologique, la sélection des variétés va se
perfectionner. On sait désormais isoler les atouts
de certaines plantes et les rassembler pour créer
des variétés de meilleure qualité avec de plus forts
rendements. La sélection des graines
va progressivement quitter la ferme
et se professionnaliser entrainant l'émergence
de nouveaux acteurs : les semenciers.
De l'agriculture vivrière
à l'agriculture moderne :
À partir des années 1950, les différentes parties
du globe empruntent des chemins différents
en matière d'agriculture.
Résultat, où en est-on aujourd'hui ?
Plusieurs modèles agricoles coexistent à l'échelle de la planète et dans chacun,
la collecte et la nature des semences diffèrent.
Surtout, l'humain
a ajouté son grain… de sel :
Au fil des siècles, les paysans ont sélectionné les
plantes les plus robustes et résistantes aux maladies,
celles qui conservent leurs grains sur leurs épis pour
faciliter la cueillette, celles qui produisent les meilleurs
rendements, avec les meilleures propriétés digestives
et gustatives.
En décidant de ressemer certaines graines plutôt que
d’autres, les paysans ont créé une sélection artificielle.
C'est ainsi que les plantes ont été domestiquées et sont
arrivées jusqu'à nous dans leurs formes actuelles.
Dans les pays
occidentaux :
Des politiques agricoles publiques
sont mises en place afin d'accélérer
le développement économique et social
des pays et répondre aux besoins
d'une population croissante.
Elles s'appuient sur :
les progrès réalisés en matière
de sélection variétale
l'émergence d'outils mécanisés
(tracteurs, etc.)
l'usage de produits chimiques
la recherche, la formation
et le conseil technique
le soutien financier
Au XX
ème
siècle, l'humanité connait une progression
démographique sans précédent :
on passe de
1,6 milliard
Une grande question se pose alors :
comment nourrir toutes ces bouches ?
Cela va provoquer un bouleversement de nos modèles
agricoles et transformer la place des semences
dans l'agriculture.
Dans les pays
en développement :
Deux types d'agricultures cohabitent.
À la fois un modèle agricole vivrier
et des formes d'agricultures
plus intensives.
l'agriculture vivrière est peu
structurée. Elle est plutôt
destinée à la subsistance locale
l'agriculture intensive adoptée
dans les pays en développement
est souvent orientée vers
l'exportation
à plus de
7 milliards
d'individus.
La graine au centre
de notre alimentation
donc de la civilisation :
Il y a 10 000 ans, les humains, plutôt malins, explorent les pouvoirs
incroyables des graines et se mettent à les ressemer, les sélectionner,
et à les stocker pour produire leur nourriture : l'agriculture était née !
Et là, tout change :
L'humain se sédentarise :
Plutôt que de poursuivre une vie nomade à la recherche
de gibiers, baies et plantes à se mettre sous la dent,
des humains s'installent et organisent la reproduction
des plantes pour produire leur propre nourriture dans
un lieu donné. Cette nouvelle organisation sociale
et alimentaire favorisera l'émergence des premiers
villages avec leurs greniers qui deviendront les villes
puis les mégapoles d'aujourd'hui !
Bref, ce sera le fondement de notre civilisation.
À LA MAISON
L'humain façonne
son environnement :
Plutôt que de subir les aléas de la nature,
les humains adaptent leur environnement
pour répondre à leurs besoins.
Ils transforment les paysages à travers le développement
de techniques agricoles (terrassement, irrigation,
clôtures, haies, transports et stockage).
Ils bouleversent la biodiversité végétale et animale
à travers des milliers d'années de sélection
et de domestication :
Téosinte
Maïs
L'ancêtre sauvage
du maïs vient du
Mexique. Il a une
forme allongée
et il produit
quelques petits
grains. Pas de quoi
faire du pop corn…
sauvage
domestiquée
9 000 plus tard,
à force de
sélection, le maïs
devient la star des
céréales. Avec ses
beaux épis garnis
de gros grains, elle
est la 3
ème
céréale
la plus cultivée
du monde.
Au fil des générations,
les agriculteurs sélectionnent les
variétés les plus fertiles, robustes,
résistantes aux maladies, digestes,
celles qui ont le meilleur
rendement et goût.
Sélection végétale
vs
Auroch
Vache
L'ancêtre sauvage
de toutes les races
de vaches
a longtemps régné
sur les grandes
plaines
préhistoriques
de l’Eurasie et du
nord de l’Afrique.
C’est lui qui est
représenté sur les
parois de la grotte
de Lascaux.
sauvage
domestiquée
10 000 ans plus
tard, à force de
croisements,
1,5 milliards
de taureaux et de
vaches descendent
des aurochs.
Ils deviennent
la 3
ème
viande
la plus consommée
au monde,
sans parler de leurs
produits dérivés
lactés !
Avec les plantes qu'ils font
pousser, les agriculteurs
nourrissent des animaux
qu'ils se mettent à domestiquer.
Domestication animale
vs
Nous vivons dans un monde de graines. Au fil du temps, elles ont
contribué à façonner notre environnement et notre civilisation.
Sans elles, pas de semis, donc pas d'agriculture et d'élevage.
Comment en est-on arrivés là ?
Pourquoi nos assiettes présentent-elles si peu de diversité d'un bout à l'autre de la planète ?
Faut-il s'inquiéter de cette perte de diversité végétale ?
Car oui, des graines dépend notre subsistance sur Terre, rien que ça !
On vous explique tout !
La surprenante
histoire des graines
Déjà, qu'est-ce qu'une graine ?
La graine est un peu comme l'œuf de la plante.
Elle contient un embryon de plante en devenir (la plantule).
Cela n'a pas toujours été le cas mais aujourd'hui,
Et une semence ?
La graine destinée à être plantée pour faire pousser
une plante est appelée semence.
La base
de la flore provient des graines
ainsi que les fruits et légumes que nous mangeons.
90%
Si à la base, la nature fourmille de graines
et de plantes de toutes sortes, aujourd'hui
3/4
des aliments de la planète
proviennent de
12
espèces
végétales seulement.
Conclusion :
Le rapport de l'homme à la graine en dit long sur son rapport au vivant.
Longtemps domestiquées et sélectionnées à la ferme, les semences utilisées
dans le cadre de l'agriculture intensive sont désormais standardisées.
Si ce modèle a permis d'augmenter les rendements et d'accompagner
la transition démographique de la planète, il atteint aujourd'hui un plafond
de verre (dépendance aux intrants chimiques et aux énergies fossiles,
perte de diversité, vulnérabilité face au changement climatique).
Si l'on ne peut revenir à une agriculture vivrière ni poursuivre dans
le modèle intensif actuel, il faut trouver une voie intermédiaire,
fondée sur des techniques plus durables, la protection de la biodiversité,
le partage de connaissances, la coopération de toutes les parties prenantes
de l'agro-alimentaire (dont nous, les consommateurs), et la recherche
de solutions adaptées à chaque territoire.
Pour cela, les semences vont jouer un rôle central mais nous allons
voir qu'une lutte de pouvoir se trame derrière ces petites graines.
On vous raconte tout dans le prochain épisode !
Une série d’infographies QQF
réalisée en partenariat avec
Sources
AFD
l
OCDE
l
iD4D
l
Seed Tour
l
FAO
l
FAO
l
Et le monde devint silencieux, Stéphane Foucart, Seuil, 2019
l
Ministère de la transition écologique
Et du côté des graines,
qu'est-ce que cela donne ?
Quel que soit le modèle agricole, les semences y occupent une place
centrale. Si dans le modèle vivrier, elles sont le plus souvent produites
à la ferme, la majorité des semences utilisées aujourd'hui dans les pays
développés sont des semences certifiées, développées par des entreprises
semencières. Elles sont issues d'une sélection pointue destinée à leur
attribuer certaines qualités : rendement, homogénéité, stabilité variétale.
Ce modèle a entraîné des
rendements spectaculaires :
L'humanité subvient
à des besoins alimentaires grandissants :
Mais aujourd'hui,
le modèle agricole fondé sur
les semences standardisées
atteint ses limites :
1960
Aujourd’hui
1/3
de la production
agricole est destinée
à l'élevage.
La faim dans le monde recule :
En 20 ans, le nombre de personnes sous-alimentées
a diminué de plus de 200 millions (mais près de 800
millions souffrent toujours d'insécurité alimentaire
alors on ne s'emballe pas trop).
La cause première de la malnutrition n'est plus le manque
de nourriture mais la pauvreté, souvent exacerbée
par les conflits, qui empêche d’accéder aux produits
alimentaires.
La production est moins pénible
et plus rentable :
Bien que les revenus soient disparates dans le monde
agricole, la production végétale et céréalière génère
de meilleurs revenus qu'avant. De plus, l'homogénéité
des plantes facilite la mécanisation donc réduit
la pénibilité du travail.
La recherche avance :
Des institutions de recherches publiques et privées
sont de plus en plus performantes, et mobilisent
des technologies prometteuses pour faire face
aux aléas futurs.
Une perte de diversité inquiétante :
La sélection accrue des graines a conduit
à l'uniformisation des cultures et à la réduction
du nombre de variétés et d'espèces utilisées
pour l’alimentation.
Une forte dépendance aux produits chimiques
L'uniformisation des variétés dans les champs réduit leur
résistance aux différentes menaces qui pèsent sur elles
(maladies, ravageurs, aléas climatiques). Non seulement,
elles sont plus fragiles mais elles ne bénéficient pas de
l'aide des autres variétés pour se protéger.
Les semences standardisées sont donc vendues
avec des engrais et des pesticides chargés de
leur donner un coup de pouce.
On appelle cela le "
pack technologique
".
Une perte d'autonomie des agriculteurs
Aujourd'hui, le modèle agricole intensif est totalement
dépendant des grandes entreprises semencières.
C'est une vulnérabilité supplémentaire dans
un contexte mondial de tensions financières,
économiques, politiques et sociales croissantes.
Cela peut, entre autres, entraîner des défauts
d’approvisionnement, ou des augmentations
de coût impossibles à absorber pour les agriculteurs.
Une escalade technologique et scientifique
Le développement de nouvelles semences toujours
plus performantes et résistantes nécessite d'énormes
investissements dans la recherche. Le seul moyen
de rendre ce travail rentable est la mise en place
de brevets. Les systèmes sont différents en Europe
et aux États-Unis mais l'effet est le même : protégées
par des droits de propriété, les semences ne sont pas
accessibles à tous et leur usage est strictement
réglementé ce qui accentue la dépendance
des agriculteurs.
Des plantes plus vulnérables
Standardisées, uniformisées, les semences commerciales
ne sont pas capables de résister seules aux aléas
climatiques et de s'adapter aux différents terroirs.
Elles ont donc besoin d'une béquille chimique pour
se protéger.
Cela pose deux problèmes majeurs :
La pollution chimique des sols
et des nappes phréatiques.
En France, des pesticides
ont été trouvés dans
80%
des points de mesure
des eaux souterraines.
Selon l’Organisation des Nations unies pour
l’alimentation et l’agriculture (FAO),
75 %
de la diversité génétique des plantes cultivées
a été perdue depuis le début du XXème siècle.
Or, c'est justement la biodiversité qui sous-tend
nos systèmes alimentaires. En disparaissant,
elle menace gravement l'avenir de notre
alimentation, de nos moyens de subsistance,
de notre santé et de notre environnement.
Entre 1960 et aujourd’hui,
la population mondiale
a plus que
doublé
,
mais la production
alimentaire, elle,
a plus que
triplé
!
2000
- 200 MILIONS
Aujourd’hui
XXème
Aujourd’hui
LE PACK TECHNOLOGIQUE
Cette logique accentue la dépendance des
cultures aux produits chimiques.
Elle entraine deux conséquences majeures :
En Europe,
75%
des insectes volants
ont disparu depuis
les années 1990 à cause
des néonicotinoïdes.
La destruction de la biodiversité
pourtant indispensable aux
écosystèmes agricoles.
Dépendance aux pesticides
Ce modèle ne fonctionne
que tant que les engrais
et les pesticides sont
disponibles et qu'aucun
événement ne vient troubler
leur approvisionnement.
Fragilité face au climat
Avec le changement
climatique, de nouveaux
ravageurs vont émerger,
les paysages agricoles
vont se modifier
et les stress climatiques
(sécheresse, inondation,
gel) vont s'accentuer,
or les semences actuelles
n'offrent pas assez de
résilience face à ces aléas
ce qui met en danger
notre modèle agricole
et alimentaire.
5
espèces
animales.
3/4
des aliments
de la planète proviennent de
12
espèces
végétales
et de
Seules
3 céréales
à savoir le riz, le blé et le maïs
fournissent plus de la moitié
des calories d’origine végétale
et plus de
40%
des apports
énergétiques mondiaux.
à peine
3%
des quelques
250 000
variétés de plantes disponibles
dans le monde sont cultivées.
5
d'entres elles détiennent le monopole
de la vente des semences certifiées et
des produits chimiques qui vont avec.
Nous vivons dans un monde
de graines. Au fil du temps,
elles ont contribué à façonner
notre environnement
et notre civilisation.
Sans elles, pas de semis,
donc pas d'agriculture
et d'élevage.
La
surprenante
histoire
des graines
Si à la base, la nature
fourmille de graines
et de plantes de toutes
sortes, aujourd'hui
3/4
des aliments de la planète
proviennent de
12
espèces
végétales seulement.
La graine
au centre
de notre
alimentation
donc de la
civilisation :
L'humain se
sédentarise :
Plutôt que de poursuivre une vie
nomade à la recherche de gibiers,
baies et plantes à se mettre sous
la dent, des humains s'installent
et organisent la reproduction des
plantes pour produire leur propre
nourriture dans un lieu donné.
Cette nouvelle organisation
sociale et alimentaire favorisera
l'émergence des premiers villages
avec leurs greniers qui
deviendront les villes puis
les mégapoles d'aujourd'hui !
Bref, ce sera le fondement
de notre civilisation.
À LA MAISON
Comment en
est-on arrivés là ?
Pourquoi nos assiettes
présentent-elles si peu
de diversité d'un bout
à l'autre de la planète ?
Faut-il s'inquiéter de cette
perte de diversité végétale ?
Car oui, des graines dépend notre
subsistance sur Terre,
rien que ça !
On vous explique tout !
Déjà, qu'est-ce
qu'une graine ?
La graine est un peu
comme l'œuf de la plante.
Elle contient un embryon
de plante en devenir
(la plantule). Cela n'a pas
toujours été le cas mais
aujourd'hui,
de la flore provient des
graines ainsi que les fruits et
légumes que nous mangeons.
Et une semence ?
La graine destinée à être
plantée pour faire pousser
une plante est appelée
semence.
La base
90%
Il y a 10 000 ans,
les humains, plutôt
malins, explorent les
pouvoirs incroyables
des graines et se mettent
à les ressemer,
les sélectionner,
et à les stocker pour
produire leur nourriture :
l'agriculture était née !
Et là, tout change :
L'humain
façonne son
environnement :
Plutôt que de subir les aléas de la
nature, les humains adaptent
leur environnement pour
répondre à leurs besoins.
Ils transforment les paysages
à travers le développement
de techniques agricoles
(terrassement, irrigation, clôtures,
haies, transports et stockage).
Ils bouleversent la biodiversité
végétale et animale à travers
des milliers d'années de sélection
et de domestication :
Téosinte
Maïs
L'ancêtre
sauvage
du maïs vient
du Mexique.
Il a une forme
allongée
et il produit
quelques petits
grains. Pas de
quoi faire du
pop corn…
sauvage
domestiquée
9 000 plus tard,
à force de
sélection,
le maïs devient
la star des
céréales.
Avec ses beaux
épis garnis de
gros grains,
elle est la 3
ème
céréale la plus
cultivée
du monde.
Au fil des générations,
les agriculteurs
sélectionnent les variétés
les plus fertiles, robustes,
résistantes aux maladies,
digestes, celles qui ont
le meilleur rendement
et goût.
Sélection végétale
vs
Auroch
Vache
L'ancêtre
sauvage de
toutes les races
de vaches
a longtemps
régné sur les
grandes plaines
préhistoriques
de l’Eurasie
et du nord
de l’Afrique.
C’est lui qui est
représenté sur
les parois de
la grotte de
Lascaux.
sauvage
domestiquée
10 000 ans
plus tard,
à force de
croisements,
1,5 milliards
de taureaux
et de vaches
descendent
des aurochs.
Ils deviennent
la 3
ème
viande
la plus
consommée
au monde,
sans parler de
leurs produits
dérivés lactés !
Avec les plantes qu'ils font
pousser, les agriculteurs
nourrissent des animaux
qu'ils se mettent
à domestiquer.
Domestication
animale
vs
Alors
comment
la téosinte
est-elle
devenue
le
maïs
?
Une sélection
naturelle s'est
opérée dans
le temps
"façon Darwin" :
Face aux conditions naturelles
(climat, nature du sol, agresseurs
naturels) certaines plantes ont
mieux résisté que d'autres et leurs
graines se sont retrouvées dans
les semis suivants.
Surtout,
l'humain
a ajouté son
grain… de sel :
Au fil des siècles, les paysans ont
sélectionné les plantes les plus
robustes et résistantes aux
maladies, celles qui conservent
leurs grains sur leurs épis pour
faciliter la cueillette, celles
qui produisent les meilleurs
rendements, avec les meilleures
propriétés digestives
et gustatives.
En décidant de ressemer certaines
graines plutôt que d’autres,
les paysans ont créé une sélection
artificielle. C'est ainsi que les
plantes ont été domestiquées
et sont arrivées jusqu'à nous
dans leurs formes actuelles.
Au XX
ème
siècle,
l'émergence
d'un
nouveau
modèle
agricole
va tout
changer !
Au XX
ème
siècle, l'humanité connait
une progression démographique
sans précédent :
on passe de
1,6 milliard
à plus de
7 milliards
d'individus.
Une sélection
de plus en plus
pointue :
Avec les progrès de la
connaissance génétique
et biologique, la sélection
des variétés va se perfectionner.
On sait désormais isoler les atouts
de certaines plantes
et les rassembler pour créer
des variétés de meilleure qualité
avec de plus forts rendements.
La sélection des graines
va progressivement quitter
la ferme et se professionnaliser
entrainant l'émergence
de nouveaux acteurs :
les semenciers.
Une grande question
se pose alors :
comment nourrir toutes
ces bouches ?
Cela va provoquer
un bouleversement de nos
modèles agricoles et transformer
la place des semences dans
l'agriculture.
De l'agriculture
vivrière
à l'agriculture
moderne :
À partir des années 1950,
les différentes parties du globe
empruntent des chemins
différents en matière
d'agriculture.
Dans les pays en
développement :
Deux types d'agricultures
cohabitent.
À la fois un modèle agricole
vivrier et des formes
d'agricultures plus intensives.
l'agriculture vivrière
est peu structurée.
Elle est plutôt destinée
à la subsistance locale
l'agriculture intensive
adoptée dans les pays
en développement est
souvent orientée vers
l'exportation
Dans les pays
occidentaux :
Des politiques agricoles
publiques sont mises
en place afin d'accélérer
le développement
économique et social des
pays et répondre aux besoins
d'une population croissante.
Elles s'appuient sur :
les progrès réalisés
en matière de sélection
variétale
l'émergence d'outils
mécanisés (tracteurs,
etc.)
l'usage de produits
chimiques
la recherche,
la formation
et le conseil technique
le soutien financier
tonnes extraites
des mines
La Révolution verte est une
politique de développement
agricole mise en place
dans certains pays en
développement en 1960
(Mexique, Inde, Afrique du Sud,
Zimbabwe, etc.) afin d'éviter
les famines et d'accélérer
l'évolution sociale et
économique des pays à travers
une agriculture fondée sur la
technologie et la science :
Aujourd'hui, les conséquences
de cette politique sont
contrastées. Si elle a permis
d'augmenter les rendements
et la productivité, évitant ainsi
des famines, elle a également
rencontré plusieurs écueils
sur le plan environnemental
et humain : dégradation
profonde des sols
et des nappes phréatiques,
maladie et endettement
des agriculteurs désormais
dépendants des produits
chimiques.
La révolution
verte,
un tournant
dans
l'agriculture :
Sélection de variétés
améliorées à haut
rendement (VHR)
principalement pour deux
céréales de base (riz et blé).
Généralisation de
l’utilisation d’engrais
et de pesticides.
Meilleure maîtrise
de l'irrigation et de
l’approvisionnement
en eau.
Agriculture vivrière (faibles rendements)
Riziculture inondée
Élevage nomade
Agriculture intensive (forts rendements)
Grandes plantations tropicales
Élevage extensif
Team
"agriculture vivrière"
Team
"agriculture vivrière"
Team
"agriculture intensive"
Résultat,
où en est-on
aujourd'hui ?
Plusieurs modèles agricoles
coexistent à l'échelle de la planète
et dans chacun, la collecte et la
nature des semences diffèrent.
Où ?
En Afrique, dans une partie
de l'Amérique latine
et une partie de l'Asie.
Le moins :
De plus petits rendements,
des revenus précaires pour
les paysans et paysannes
et une plus grande vulnérabilité
aux aléas climatiques (sécheresse,
catastrophe naturelle, saison des
pluies tardive ou précoce, etc.)
et aux ravageurs naturels.
Le plus :
Une grande biodiversité,
un faible impact environnemental.
Comment ?
Les paysans travaillent encore
majoritairement à la main, avec
des animaux et ont peu recours
à des machines.
Qu’est-ce qui pousse ?
Des variétés locales diverses.
On plante quoi ?
Des semences paysannes
sélectionnées à la ferme suivant
des procédés ancestraux
ou des semences de fermes.
Quel modèle ?
Agriculture paysanne ou vivrière
destinée à être consommée
localement.
Team
"agriculture intensive"
Où ?
En Amérique, en Europe,
en Océanie,et dans une partie
de l'Asie.
Le moins :
Des impacts environnementaux
et humains négatifs dont nous
allons parler à la suite.
Le plus :
De forts rendements, des produits
homogènes et calibrés pour
l'industrie agroalimentaire.
Comment ?
Les exploitants agricoles
s'appuient sur des outils
mécanisés, comme les tracteurs
et utilisent des produits
phytosanitaires (pesticides,
engrais).
Qu’est-ce qui pousse ?
La monoculture (blé, riz, maïs,
betterave, canne à sucre, etc.)
et l'élevage intensif prévalent.
On plante quoi ?
Des semences commerciales
développées par des semenciers
dont la vente est réglementée.
Quel modèle ?
Agriculture intensive destinée
au marché agroalimentaire
et à l'export.
Aujourd'hui,
ces modèles sont tous
deux des impasses :
La solution ne se situe pas
d'un côté ou de l'autre mais
dans une troisième voie.
D'un côté,
l'agriculture vivrière maintient
les populations dans la pauvreté
et ne permet pas de les nourrir
correctement. L'Afrique importe
de plus en plus de denrées
agricoles par exemple.
De l'autre,
l'agriculture intensive entraîne un
lourd tribut pour l'environnement :
pollution de l'eau, épuisement des
sols, émissions de gaz
à effet de serre, etc.
Et du côté
des graines,
qu'est-ce
que cela
donne ?
Quel que soit le modèle agricole,
les semences y occupent une
place centrale. Si dans le modèle
vivrier, elles sont le plus souvent
produites à la ferme, la majorité
des semences utilisées aujourd'hui
dans les pays développés sont des
semences certifiées, développées
par des entreprises semencières.
Elles sont issues d'une sélection
pointue destinée à leur attribuer
certaines qualités : rendement,
homogénéité, stabilité variétale.
Ce modèle
a entraîné
des rendements
spectaculaires :
L'humanité subvient
à des besoins alimentaires
grandissants :
Entre 1960 et aujourd’hui,
la population mondiale
a plus que
doublé
,
mais la production
alimentaire, elle,
a plus que
triplé
!
1960
Aujourd’hui
1/3
de la production
agricole est
destinée à
l'élevage.
La faim
dans le monde recule :
En 20 ans, le nombre de
personnes sous-alimentées
a diminué de plus de 200 millions
(mais près de 800 millions
souffrent toujours d'insécurité
alimentaire alors on ne s'emballe
pas trop).
La cause première de la
malnutrition n'est plus le manque
de nourriture mais la pauvreté,
souvent exacerbée
par les conflits, qui empêche
d’accéder aux produits
alimentaires.
2000
- 200 MILIONS
Aujourd’hui
La production est moins
pénible et plus rentable :
Bien que les revenus soient
disparates dans le monde
agricole, la production végétale
et céréalière génère de meilleurs
revenus qu'avant.
De plus, l'homogénéité des
plantes facilite la mécanisation
donc réduit la pénibilité du travail.
La recherche avance :
Des institutions de recherches
publiques et privées sont
de plus en plus performantes,
et mobilisent des technologies
prometteuses pour faire face
aux aléas futurs.
Mais
aujourd'hui,
le modèle
agricole fondé
sur les semences
standardisées
atteint ses
limites :
Une perte de diversité
inquiétante :
La sélection accrue des graines
a conduit à l'uniformisation
des cultures et à la réduction
du nombre de variétés
et d'espèces utilisées
pour l’alimentation.
3/4
des aliments
de la planète proviennent de
12
espèces
végétales
et de
Seules
3 céréales
à savoir le riz, le blé et le maïs
fournissent plus de la moitié
des calories d’origine végétale
et plus de
40%
des apports
énergétiques mondiaux.
à peine
3%
des quelques
250 000
variétés de plantes disponibles
dans le monde sont cultivées.
5
espèces
animales.
Selon l’Organisation
des Nations unies pour
l’alimentation et
l’agriculture (FAO),
75 %
de la diversité génétique
des plantes cultivées a été
perdue depuis le début
du XXème siècle.
Or, c'est justement la
biodiversité qui sous-tend
nos systèmes alimentaires.
En disparaissant, elle
menace gravement l'avenir
de notre alimentation, de
nos moyens de subsistance,
de notre santé et de notre
environnement.
XXème
Aujourd’hui
LE PACK TECHNOLOGIQUE
Une forte dépendance aux
produits chimiques
L'uniformisation des variétés dans
les champs réduit leur résistance
aux différentes menaces qui
pèsent sur elles (maladies,
ravageurs, aléas climatiques).
Non seulement, elles sont plus
fragiles mais elles ne bénéficient
pas de l'aide des autres variétés
pour se protéger.
Les semences standardisées
sont donc vendues avec des
engrais et des pesticides
chargés de leur donner
un coup de pouce.
On appelle cela
le "
pack technologique
".
La pollution chimique des sols
et des nappes phréatiques.
En France, des pesticides
ont été trouvés dans
80%
des points de mesure
des eaux souterraines.
Cette logique accentue
la dépendance des cultures
aux produits chimiques.
Elle entraine deux
conséquences majeures :
En Europe,
75%
des insectes volants
ont disparu depuis
les années 1990 à cause
des néonicotinoïdes.
La destruction de la
biodiversité pourtant
indispensable aux
écosystèmes agricoles.
Une perte d'autonomie
des agriculteurs
Aujourd'hui, le modèle agricole
intensif est totalement dépendant
des grandes entreprises
semencières.
C'est une vulnérabilité
supplémentaire dans un contexte
mondial de tensions financières,
économiques, politiques
et sociales croissantes.
Cela peut, entre autres, entraîner
des défauts d’approvisionnement,
ou des augmentations de coût
impossibles à absorber pour les
agriculteurs.
5
d'entres elles détiennent
le monopole de la vente
des semences certifiées
et des produits chimiques
qui vont avec.
Une escalade technologique
et scientifique
Le développement de nouvelles
semences toujours plus
performantes et résistantes
nécessite d'énormes
investissements dans la
recherche. Le seul moyen
de rendre ce travail rentable
est la mise en place de brevets.
Les systèmes sont différents
en Europe et aux États-Unis mais
l'effet est le même : protégées
par des droits de propriété,
les semences ne sont pas
accessibles à tous et leur usage
est strictement réglementé
ce qui accentue la dépendance
des agriculteurs.
Des plantes plus vulnérables
Standardisées, uniformisées,
les semences commerciales ne
sont pas capables de résister
seules aux aléas climatiques
et de s'adapter aux différents
terroirs.
Elles ont donc besoin d'une
béquille chimique pour
se protéger.
Cela pose deux problèmes
majeurs :
Dépendance aux pesticides
Ce modèle ne fonctionne que tant
que les engrais et les pesticides
sont disponibles et qu'aucun
événement ne vient troubler
leur approvisionnement.
Fragilité face au climat
Avec le changement
climatique, de nouveaux
ravageurs vont émerger,
les paysages agricoles
vont se modifier
et les stress climatiques
(sécheresse, inondation,
gel) vont s'accentuer,
or les semences actuelles
n'offrent pas assez de
résilience face à ces aléas
ce qui met en danger
notre modèle agricole
et alimentaire.
Conclusion :
Le rapport de l'homme à la
graine en dit long sur son
rapport au vivant.
Longtemps domestiquées
et sélectionnées à la ferme,
les semences utilisées dans
le cadre de l'agriculture
intensive sont désormais
standardisées.
Si ce modèle a permis
d'augmenter les rendements
et d'accompagner
la transition démographique
de la planète, il atteint
aujourd'hui un plafond
de verre (dépendance
aux intrants chimiques
et aux énergies fossiles,
perte de diversité,
vulnérabilité face au
changement climatique).
Si l'on ne peut revenir à une
agriculture vivrière ni
poursuivre dans le modèle
intensif actuel, il faut
trouver une voie
intermédiaire, fondée
sur des techniques plus
durables, la protection
de la biodiversité,
le partage deconnaissances,
la coopération de toutes
les parties prenantes
de l'agro-alimentaire (dont
nous, les consommateurs),
et la recherche de solutions
adaptées à chaque
territoire.
Pour cela, les semences
vont jouer un rôle central
mais nous allons voir qu'une
lutte de pouvoir se trame
derrière ces petites graines.
On vous raconte tout dans
le prochain épisode !
Une série d’infographies QQF
réalisée en partenariat avec
Sources
AFD
l
OCDE
l
iD4D
l
Seed Tour
l
FAO
l
FAO
l
Et le monde devint silencieux,
Stéphane Foucart, Seuil, 2019
l
Ministère de la transition
écologique