Faut-il se méfier des applis qui dorment ?
Le stockage d’un seul courriel produit 10g de CO2 par an. C’est autant qu’un sac plastique. Pourtant, qui n’a pas deux messageries où s'accumulent les spams et courriels datés, et des dizaines de newsletters non ouvertes ? Qui ne télécharge pas des applis au gré des modes et de ses envies ? Si ces usages semblent a priori plus légers que celui de la vidéo en streaming, leur impact sur la planète est loin d’être neutre.
Certes, l’envoi d’un mail émet moins de CO2 que celui d’une lettre. Mais en 2016, une étude de l’université Cornell soulevait le problème de leur usage immodéré : gratuite, immédiate, la communication numérique est devenue si fréquente qu’elle provoque une « accumulation rapide des émissions de carbone. » Nos ordinateurs, mais aussi les réseaux, antennes, et centres de stockage des données sont alimentés par des énergies polluantes qui rejettent du carbone dans l’atmosphère.
L’enfer du stockage
« Le stockage des courriels produit lui aussi une pollution exponentielle », explique Louis Balladur, co-fondateur de Cleanfox, un service de nettoyage des messageries. « On reçoit de plus en plus de mails : ceux qu’on a reçus il y a cinq ans continuent à polluer, qu’ils soient ouverts ou non ! Nos émissions de CO2 grossissent donc d’année en année. » Sans oublier que ce stockage est dupliqué sur plusieurs serveurs, en cas de panne, sans même parler des pièces jointes lourdes.
Les 62 trillions de spams envoyés chaque année rejettent 20 millions de tonnes de CO2 par an.
Évidemment, les services de messagerie n’incitent pas au tri, et préfèrent proposer des abonnements payants pour débloquer plus de place dans sa messagerie. Quant à l’option « archiver », elle fait disparaître les courriels de la boîte principale, mais ils restent copiés sur les serveurs. Parfois pour rien : les 62 trillions de spams envoyés chaque année rejettent 20 millions de tonnes de CO2 par an.
Des applis devenues obèses
Autre usage qui passe sous nos radars : celui des applications mobiles. D'après le centre de recherche grenoblois Gricad, 35 applications fonctionnent en moyenne en permanence sur un smartphone. De quoi gaspiller beaucoup de batterie. « De nos jours, les développeurs ne font pas attention à la consommation des ressources. Ils n’ont pas les outils de mesure nécessaires pour la prendre en compte », remarque Thierry Leboucq, directeur de Greenspector, qui propose son aide aux éditeurs de logiciels pour optimiser leurs performances énergétiques.
« Les applications sont conçues pour faire davantage de choses que ce pour quoi on les sollicite, car le code utilisé est celui d’autres logiciels. Cela les alourdit ! » Au-delà du problème d’exclusion des personnes qui n’ont pas de téléphone assez performant ou une connexion suffisante, la question de la pollution se pose : les batteries s’épuisent, le temps de chargement est trop long et... Hop, un nouveau téléphone. « C’est du gaspillage ! Pour deux applications qui proposent la même utilisation, comme écouter de la musique ou naviguer sur le web, la consommation et l’usage des ressources peut aller du simple au double. » À nous de choisir la bonne !
On commence par un grand ménage dans sa messagerie avec Cleanfox. Ce service vous permet de faire un tri dans les mails non-lus, d’identifier les newsletters qu’on n’ouvre pas, et de supprimer les anciens courriels. Le tout en quelques clics. L’entreprise affirme avoir permis d’économiser 16 000 tonnes de CO2 depuis sa création.
On se crée une adresse mail chez Newmanity. Cette boîte écolo est née en France en 2012, et ne fonctionne qu’à l’énergie verte : l’électricité est fournie par Enercoop, et son data center situé aux Pays-Bas a une empreinte carbone neutre. La start-up dit ne pas enregistrer d’informations sur la vie privée de ses utilisateurs, ce qui lui ferait économiser beaucoup d’énergie ! Limité à 1GO, vous aurez le choix entre passer à la version payante, ou continuer à trier vos mails.
On suit les recommandations de l’Ademe pour mieux communiquer. On cible ses destinataires (un en moins = 6g de CO2 économisé). On envoie des textos courts à la place des mails et on stocke « local » en téléchargeant les pièces jointes et données importantes avant de supprimer les mails. On supprime aussi les pièces jointes d’un mail au moment d’y répondre pour que 19g de CO2 ne partent pas dans la nature.
On installe Ecosia sur son téléphone : le moteur de recherche allemand qui reverse ses bénéfices à des actions de reforestation est disponible sur Android et iOS.
On compare la consommation des applis avant de les télécharger, en se référant aux « battles » de Greenspector. À vous le GPS eco-friendly et la batterie qui tient !
On ferme les applis qui tournent en arrière plan sur son smartphone. On peut aussi télécharger l’application Greenify (uniquement pour les téléphones Android) qui permet de faire hiberner ses applis pour qu’elles ne consomment pas de RAM. Sur Iphone, le système les « gèle automatiquement » si vous avez désactivé l’actualisation en arrière plan (Réglages/Général/Actualisation en arrière plan).