Qui rase, qui plante des forêts dans le monde ?

RESSOURCES FORESTIÈRES
Qui rase, qui plante des forêts dans le monde ? sur Qu'est-ce qu'on fait
Ce n'est pas une surprise : les forêts continuent de disparaitre à l'échelle mondiale. 129 millions d'hectares -soit l'équivalent de la superficie de l'Afrique du Sud- de forêt ont été détruits depuis 1990. C'est ce que révèle la FAO (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture) dans son dernier rapport d'évaluation des ressources forestières mondiales datant de 2015. Même si le rythme de perte du couvert forestier ralentit à l'échelle mondiale, ce sont encore et toujours les forêts primaires qui trinquent.

La forêt, pas si facile à quantifier

Parler de déforestation, c’est d’abord parler de forêt. Mais qu’entend-on par forêt ? La définition la plus largement acceptée et utilisée est celle de la FAO. Est considérée comme forêt une zone de plus de 0,5 hectare de surface avec des arbres qui peuvent atteindre des hauteurs de 5 mètres et une couverture de 10%. En sont exclues les zones arborées à vocation urbaine (parcs et jardins) ou agricole (oliveraies, palmier à huile etc…).

Pour quantifier le couvert forestier, il existe deux méthodes. La première, la plus précise mais aussi plus coûteuse, est l’inventaire forestier de terrain. Des techniciens vont mesurer les arbres et peuvent donc vérifier directement in situ si la parcelle répond à la définition de la FAO. La deuxième, c’est la télédétection. On calcule informatiquement à partir de photographies aériennes ou d’images satellitaires la superficie du couvert végétal.

Un bilan contrasté

Ces méthodes ont permis à la FAO d’affirmer que c’est dans les tropiques, particulièrement en Amérique du Sud et en Afrique, que la forêt a le plus régressé. Ces régions abritent pourtant les dernières forêts dites primaires (qui n’ont que peu ou pas été perturbées par l’homme) de la planète. Sur le podium du nombre d’hectares déboisés entre 2010 et 2015, c’est le Brésil qui l’emporte. En cinq ans, ce sont 984 000 hectares par an qui ont disparu. Mais en proportion, c’est le Nigéria qui enregistre le plus de perte : entre 2010 et 2015, le pays a perdu chaque année 4.5% de sa surface forestière. Certains pays, quant à eux, ont gagné en couvert forestier. C’est le cas de la Chine, en première position mondiale, où 1 542 000 hectares ont été reboisés chaque année entre 2010 et 2015.

Avec 113 000 hectares reboisés par an, la France a la plus forte progression forestière parmi les pays d’Europe et se positionne à la dixième position mondiale.

Il apparait nettement dans le rapport de la FAO que ce sont les pays au revenu le plus bas dans lesquels on observe les plus fortes pertes de surfaces forestières et qu’à l’inverse, les zones du globe au plus fort revenu connaissent une progression de leur forêt.

Alors qu’entre 1990 et 2000, 0.18% de la forêt a disparu chaque année, entre 2010 et 2015, ce taux a baissé pour atteindre 0.08%. Le rythme de perte aurait donc ralenti… Cela s’expliquerait par la baisse globale des déboisements et l’augmentation des plantations.

Les forêts primaires en ligne de mire

Attention cependant. L’opposition forêt/non forêt est un peu simpliste car toutes les surfaces forestières n’ont pas la même valeur biologique ou économique. « Si le ralentissement de la baisse des surfaces forestières dans le monde peut apparaître comme une bonne nouvelle pour les forêts, il cache un phénomène inquiétant : la perte rapide des forêts dites primaires, celles dans lesquelles l’impact humain est resté faible, que les statistiques de la FAO n’arrivent pas encore bien à évaluer. » explique Jean-Luc Dupouey, chercheur en écologie forestière à l’INRA. « En effet, à l’échelle mondiale, la part des forêts plantées artificiellement, ou régénérées naturellement sur d’anciennes cultures abandonnées, augmente rapidement. Le problème, c’est que la valeur biologique (en termes de biodiversité) de ces forêts secondaires est le plus souvent plus faible que celles des forêts primaires qui étaient présentes avant la plantation, ou avant la mise en culture de la terre. Ces changements sont quasiment irréversibles puisque la forêt, même si on la laisse se régénérer naturellement, mettra des centaines voire des milliers d’années pour revenir à un état proche de celui qu’elle aurait eu si elle n’avait pas été détruite. » poursuit le chercheur. C’est pour cela qu’il est nécessaire de préserver les forêts primaires, encore trop convoitées à l’échelle mondiale.

  • On calcule son empreinte sur la forêt et on change nos habitudes de consommation : par exemple, on évite les produits alimentaires contenant de l’huile de palme, ou la viande nourrie avec des aliments (soja) produits sur des terres de déforestation.
  • On fait attention à la provenance du bois de nos meubles en vérifiant les certifications.
  • On peut lutter localement pour la sauvegarde des forêts anciennes, par exemple la forêt de Bialowieza - sanctuaire européen de biodiversité - dont la partie polonaise est actuellement massivement déforestée, en signant la pétition. 
  • Ou celle-ci, contre le fabricant des biscuits Oreo qui participe à la déforestation des forêts indonésiennes en plantant des palmiers à huile pour la fabrication de ces produits.
  • On peut compter les arbres près de chez nous. 
  • On peut utiliser cet outil gratuit mis en place par le World Research Institute, un institut de recherche indépendant sur les sujets environnementaux, et rendu possible avec de nombreux partenariats dont des universités, Greenpeace et Google. On peut observer la couverture arborée de la Terre et les zones menacées de déforestation en direct et isoler les forêts primaires sur la carte pour se rendre compte de leur rareté ! Attention cependant, le site est à utiliser avec prudence. Parce que les données ont été acquises suivant diverses méthodes et à des dates différentes, il est préférable de ne pas trop zoomer ni de comparer les cartes entre elles.
Olympe Delmas
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