Et si pour les fêtes, on sacrifiait la dinde, mais pas les marrons ?
Des dissensions politiques aux secrets de famille, les repas de fêtes de fin d’année peuvent rapidement se convertir en zone de conflits. Dans la liste des sujets polémiques, les régimes alimentaires font souvent l’effet d’une bombe. C’est que les traditions culinaires ont la dent dure. Selon le CSA, en 2018, 69% des Français envisagent de consommer du foie gras pendant les fêtes. Dans ces conditions, difficile d’imposer à sa famille de s’essayer à une alternative veggie sans passer pour le Grinch. Pour tenter de les convaincre, doit-on forcément projeter une vidéo de gavage des oies à l’approche du plateau de foie gras ? Pas si sûr. Pour révolutionner les menus, est-il vraiment pertinent d’évoquer les conditions en abattoirs lorsque la dinde arrive au centre de la table ? Ne risque-t-on pas plutôt de cabrer son auditoire ?
Y a pas que le tofu dans la vie
Barbara Boyer, de l’association L214, privilégie de son côté la méthode douce. « L’idée n’est pas d’imposer ses idées en période de fête, assure-t-elle. On peut quand même amener son propre plat pour faire goûter aux autres quelque chose de différent. » Chaque année, la porte-parole se met aux fourneaux pour concocter sa spécialité : une tourte aux champignons et aux marrons. « Souvent, tout le monde s’est déjà jeté dessus avant même que je puisse moi-même me servir une part », sourit-elle. Si l’on est bonne cuisinière comme Barbara, il est judicieux d’organiser Noël chez soi pour préparer un festin, sans beurre, sans lait, sans viande et sans œufs. « Non, on ne mange pas de l’herbe », ironise-t-elle.
Tout bon, tout bio
Autre point de vue intéressant sur la table : celui de Jocelyne Porcher, directrice de recherches à l'Institut national de la recherche agronomique (Inra) de Montpellier, auteure notamment de « Vivre avec les animaux. Une utopie pour le XXIe siècle. »
Cette sociologue milite elle aussi pour le mieux manger, sans toutefois s’opposer à la consommation de viande. « Je fais la différence entre élevage et production animale », nuance la chercheuse. Je me bats depuis 25 ans contre la violence industrielle qui s’exerce contre les animaux et dans les abattoirs. » Pour autant, cette ancienne éleveuse estime qu’il est naturel de manger les animaux. « Nous sommes des omnivores, rappelle-t-elle. Dans l’élevage, il y a des valeurs morales de respect envers les animaux. Nous ne les considérons pas, comme c’est le cas dans l’industrie, comme des machines à produire de la matière animale. » À Noël, la directrice de recherches prévoit un canard à l’orange. « Bio », insiste-t-elle. Le plus important reste de « prendre plaisir à être ensemble. »
Il n’y a pas qu’autour de la table que les conflits peuvent éclater. Au pied du sapin aussi, on n’avait pas nécessairement prévu de se voir offrir un bon pour passer son permis de chasseur :)
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On s’inspire des professionnels : pour trouver l’inspiration en cuisine, de nombreux blogs font autorité.
100% Végétal créé dès 2009 par Marie Laforêt . Cette cheffe a signé de nombreux livres, y compris « Noël Vegan » et « Joyeux Noël vegan ». Il y a des recettes de truffes de potimarron, de caviar végétal aux shiitakés, ou une chiffonnade de tofu marinés. MIAM ! -
On teste de nouvelles saveurs ! Impossible pour la famille de supprimer le foie gras ? Pas de souci, on leur propose une expérience gustative et on mêle au traditionnel plateau de toasts, des morceaux de « faux gras ».
Motivé, on peut le préparer maison. Sinon, les supermarchés bio en ont en rayon. -
Aventuriers ? On tente le « veggie challenge ». C’est un programme pour s’essayer à une alimentation végétale pendant 21 jours qui a été pensé par l’association L214. On reçoit chaque jour une lettre d’informations délivrant des conseils et des recettes pour manger sans aucun produit d’origine animale. Pour changer ses habitudes, pourquoi attendre le 1er janvier ?
- On lit et on offre de la lecture
La littérature pour questionner nos habitudes alimentaires est riche ! Quelques titres parmi les incontournables :- « Vivre avec les animaux : une utopie pour le XXIe siècle » écrit par Jocelyne Porcher aux éditions La Découverte, en 2011. C’est une réflexion sur l’élevage des animaux et la place de la mort dans ce travail.
- « Faut-il manger des animaux ? » de Jonathan Safran Foer, un classique depuis sa sortie en 2009, une œuvre à la fois littéraire, essai et enquête journalistique dans les arcanes de l’élevage industriel. Arrivé à la dernière page, il devient impossible de dire : « je ne savais pas. »
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« Le livre noir de l’agriculture » de la journaliste Isabelle Saporta
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« Antispéciste » du journaliste Aymeric Caron
- On interroge nos régimes alimentaires en écoutant Casseroles, le podcast de Zazie Tavitian produit par Binge audio. Il s’agit d’une discussion enregistrée avec des experts qui décortiquent un thème pour chaque épisode : la cuisine chinoise, le sans-gluten, les fromages français, le vin nature... Une vision intello-pop du bien manger.