Être citoyen avant 18 ans : comment faire ?

ENTRETIEN AVEC SOLÈNE VALETTE
Être citoyen avant 18 ans : comment faire ? sur Qu'est-ce qu'on fait
Deux semaines après la seconde mobilisation Fridays For Future, nous avons rencontré Solène Valette. Étudiante en première année à Sciences Po, elle fait partie de ces jeunes qui ont l’engagement dans le sang. Scout hier (et pour toujours ?), elle s’engage aujourd’hui pour le climat. À l’échelle européenne, elle adhère au mouvement Youth for Climate. À l’échelle internationale, elle a notamment participé au séminaire sur les Objectifs de Développement Durable de l'Association Mondiale des Guides et des Eclaireuses en mai 2019. Qu’est-ce qu’on fait pour être citoyen sans carte d’électeur ?! Rimbaud disait : “On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.”. Solène, elle, nous prouve bien le contraire...

Qqf : C’est quoi pour toi être citoyen ?

Solène Valette : Être citoyen, c’est faire partie de la société, avoir une opinion, se tenir informé des actions politiques de nos élus, exprimer ses désaccords face au système mais aussi une manière de vivre avec les autres. On l’associe vite à la question du vote mais je pense que ça va beaucoup plus loin. De l'implication dans des conseils de quartiers à la signature et le partage de pétitions, c’est un engagement de tous les jours aussi bien au niveau personnel qu’au niveau collectif.

 

Ça commence à quel âge ?

S.V. : À partir du moment où l’on vit en société et qu’on veut prendre part aux décisions qui nous concernent. Hier c’était l’école, avec les élections de délégués. Aujourd’hui, Youth for Climate est ma façon personnelle de vivre ma citoyenneté, c’est un engagement pour la justice environnementale et sociale. Faire des grèves scolaires le vendredi, manifester, poser des revendications au niveau local et national, sensibiliser la population via les réseaux sociaux comme Instagram ou par des tracts avec ce message de la jeunesse qui se bat pour son futur ... sont autant d’actions que porte le mouvement Youth for Climate.

 

C’est quoi ton parcours d’éducation civique ?

S.V. : J’ai eu des cours d’éducation civique, mais en mode “il faut pas faire ça, il faut faire plutôt comme ça”. Je pense que j’ai vraiment ressenti une éducation concrète en devenant scout à mes 12 ans parce qu’on établit ensemble des chartes, on décide de règles de vie en commun, on a vraiment un processus où l’on essaye d’inclure tout le monde, d’écouter la voix de tous. On se rend compte qu’on peut construire ensemble des projets : échanges culturels avec d’autres groupes scouts internationaux, animation auprès de migrants etc. Tout ça, c’est du “vivre ensemble”. Plus tard, quand on prend des responsabilités dans des associations, on découvre la citoyenneté autrement au niveau des assemblées générales.

 

Plutôt démocratie locale ou internationale ?

S.V. : Locale avec mon groupe scout d’une vingtaine de personnes. Mais aussi nationale et internationale au travers de mon engagement à Youth for Climate. A toutes les échelles, j’essaye d’aller dans la continuité de ce qu’on m’a appris aux scouts : débats, échanges d’idées, écoute mutuelle. Mais il ya encore du boulot, tous les pays ne sont pas encore des démocraties. (20/167 selon l’Index démocratie ndlr).

 

70% d’abstention des 18-34 ans aux élections européennes, ça te choque ?

S.V. : Je trouve ça difficile mais ça s’explique parce beaucoup de jeunes ne se sentent pas citoyens européens. C’est vrai qu’on est trop peu informés. À l’école on nous prépare au monde du travail mais pas à devenir des citoyens. Ce désintérêt pour la politique en général et pour l’Union Européenne s’explique parce qu’on ne se sent pas concernés, on ne se rend pas compte de tous les impacts qu’ont les décisions prises au niveau de l’UE sur nos vies. Je pense également qu’il y a un sentiment diffus de voter pour un Parlement qui a finalement très peu de pouvoir, et dont le fonctionnement institutionnel reste très opaque.

 

"À l’école on nous prépare au monde du travail mais pas à devenir des citoyens."

 

Quel rôle pour les jeunes ?

S.V. : On a centré toute la campagne parlementaire européenne sur l’immigration et sur la politique interne. Or, il y a beaucoup de jeunes aujourd’hui qui disent : “Non, l’UE ce n’est pas juste ça”. Le premier parti politique chez les jeunes c’est quand même Europe Ecologie Les Verts. Cela veut dire que certaines questions politiciennes ne leur parlent pas. Il suffit de leur parler lors des Marches pour le Climat pour le constater. Leur rôle, c’est aussi de proposer quelque chose, ne pas juste critiquer la société et le système comme il est aujourd'hui, mais être vraiment force de proposition.

 

"Leur rôle, c’est aussi de proposer quelque chose, ne pas juste critiquer la société et le système comme il est aujourd'hui"

 

Alors, qu'est-ce qu'on fait ?!

Etape 1 : On discute, on s’intéresse et on s’informe. C’est déjà le début du travail de citoyen parce que la pire chose qui peut nous arriver c’est de ne pas être au courant et de ne pas se préoccuper de ce qu’il se passe. Il est possible de s’informer facilement grâce aux journaux locaux, Brut, Le Monde, Youtube (avec les chaînes Demos Kratos, Hugo Décrypte etc.) et bien d’autres… le principal reste de diversifier ses sources en gardant une bonne poignée d’esprit critique.

 

"la pire chose qui peut nous arriver c’est de ne pas être au courant"


Etape 2 : On s’engage. Nos petites habitudes au niveau environnemental ou de l’acceptation des autres peuvent avoir un impact sur la société, auprès de sa famille et de ses amis. Avant 18 ans, on peut être délégué au Conseil de Vie Lycéenne, s’engager dans des associations etc. Ce sont de toutes petites choses mais elles peuvent peser d’un grand poids sans même avoir une carte d’électeurs.

 

Propos recueillis le 5 juin 2019.

 

Corentin Mathé -- Deletang
×
Gif inscription newsletter Qqf
Abonnez-vous
à notre newsletter :
30 e-mails (utiles)
par an !

Hey, inscrivez-vous à notre newsletter
pour recevoir les bons plans Qqf ?!

Promis, on ne vous envoie pas plus d'un mail par semaine ...