3 idées reçues sur les forêts françaises à abattre

HISTOIRE DES FORÊTS
3 idées reçues sur les forêts françaises à abattre sur Qu'est-ce qu'on fait
Lorsqu'il s'agit de " forêt ", on imagine un espace autrefois verdoyant et peuplé de loups voraces de chaperons rouges, de schtroumpfs ou autres farfadets. Tout cela bien sûr, c'était avant, car aujourd'hui, on aurait tendance à penser la forêt française comme une pâle survivance de cette " forêt originelle " que nous aurions, au fil du temps, massacrée. Des idées pourtant mises à mal par les historiens et les archéologues. Alors, si on remontait le temps pour apprendre à mieux connaître nos forêts ?

Quand on sait que, selon l’INSEE, plus des ¾ des Français vivent en ville, on comprend que nos représentations n’en soient pas des plus exactes. Bien sûr, cela ne veut pas dire que tout va pour le mieux dans le plus vert des mondes, mais qu’il serait peut-être bon de savoir à quoi nous avons affaire. D’autant plus que nous entretenons avec nos forêts une relation qui dure depuis quelques dizaines de milliers d’années. Une bonne raison de revoir nos préjugés et repartir sur des bases solides.

Idée reçue n° 1 - La destruction de la forêt est une activité récente

Des artistes romantiques du XIXe, nous avons hérité une image d’Épinal d’une forêt gauloise, luxuriante et secrète qui aurait été mise à mal par les romains et leurs constructions. Dans son ouvrage Une histoire de la forêt, Martine Chalvet, maître de conférences à l'Université de la Méditerranée et spécialiste de l'histoire de l'environnement et des paysages, explique que l’homme n’a pas attendu Jules César pour domestiquer son environnement. Dès la Préhistoire, avec le développement de l’agriculture et de l’élevage, l’homme façonne l’espace. Les récentes études archéologiques l’attestent : en abandonnant chasse et cueillette, activités forestières par excellence, l’homme se met à modeler les paysages, défriche, crée des clairières, sélectionne des espèces et, surtout, déforeste.

L’homme n’a pas attendu Jules César pour domestiquer son environnement.

Avec son ouvrage, Martine Chalvet, nous aide à mieux comprendre pourquoi nous voyons en « nos ancêtres les Gaulois » de vrais petits hommes verts. Et cette fois-ci, les Romains sont bien en cause. C’est que dans leur imaginaire, contrairement à nos ancêtres gaulois, la forêt n’existe pas. Il y avait d’un côté, la silva, l’espace sauvage et de l’autre la ville, la culture et donc la civilisation. Pour s’affirmer en tant que telle, les Romains entreprirent de dompter massivement la nature. D’autant plus que les forêts constituaient alors d’importants obstacles morcelant l’Empire. Il fallut donc attendre la chute de Rome et l’invasion de peuples nordiques pour que cette perception perde de son influence et que démarre une nouvelle ère plus favorable aux forêts, jusqu’au cycle suivant.

Idée reçue n° 2 - sapins au Nord, oliviers au Sud

Spontanément, cette répartition semble logique. C’était sans compter les bouleversements induits par le changement climatique sur nos forêts. Pour mieux comprendre ce phénomène, opérons un retour en arrière de 20 000 ans avec Stéphane Durand, biologique et auteur de l’ouvrage 20 000 ans ou la grande histoire de la nature. À cette époque, explique-t-il, l’âge de glace est à son apogée, les formes de vie sont retranchées dans des zones limitées à quelques poches sur le pourtour méditerranéen et dans les Pyrénées, le reste n’étant qu’un désert de glace où rien ne vit. Au moment où la planète se réchauffe et où la pluie revient, la nature reprend ses droits, faune et flore partant à la conquête de nouveaux espaces.

Ce sont les déplacements des essences entamés entre -17 000 et -18 000 ans avant J-C, qui ont posé les bases des paysages que nous connaissons.

Sauf que cet ordre des choses n’a rien d’immuable. Les arbres bougent en fonction du climat et cela pourrait ne pas nous plaire. Aujourd’hui, quand on a un petit coup de chaud l’été, on est ravi de se réfugier en forêt où l’air est plus frais. Seulement, si on se base sur les prévisions du GIEC, la France pourrait connaître des pics de chaleur à plus de 50 °C l’été d’ici à 2100. De quoi donner envie à nos fraîches forêts d’aller voir encore plus au Nord, nous laissant bien désemparés avec notre huile d’olive made in Normandie.

Idée reçue n° 3 – Le problème, c’est que la forêt française décroît

Tous les chiffres sont unanimes : la forêt française se porte bien, en nombre d’hectares. Selon l’ONF (Office National des Forêts), « la superficie forestière française a regagné son niveau de la fin du Moyen-Âge, soit 15,5 millions d’hectares quand elle était à 7,5 millions au milieu du XIXe siècle ». Une bonne nouvelle donc ! Néanmoins, si notre forêt ne décroît pas, cela ne veut pas dire qu’elle n’est pas fortement sous pression. Le problème, comme le souligne Stéphane Hallaire, président et fondateur de Reforest’action, une société spécialisée dans la restauration de l’espace forestier en France et dans le monde et auteur d’un rapport sur l’avenir de la forêt, c’est que nous pourrions nous-même être victimes des assauts qu’elles subissent.

« Les arbres et les forêts n’ont plus le temps de se remettre d’un événement exceptionnel qu’un nouveau survient. C’est comme si nous attrapions une grippe après une angine »

« La forêt nous rend de nombreux services (puits de carbone, foyer de biodiversité, vivier économique de 440 000 emplois, espace de loisirs) que nous utilisons de manière gratuite, sans en avoir nécessairement conscience. Comme la forêt répond à un besoin d’intérêt général, il est essentiel de la garder en bonne santé », détaille Stéphane Hallaire. C’est que les défis auxquels elle doit faire face sont divers : tempêtes, maladies, sécheresse, incendies, coups de gel, tous ces aléas que le réchauffement climatique accroît. « Aujourd’hui, ces fléaux sont cumulatifs. Les arbres et les forêts n’ont plus le temps de se remettre d’un événement exceptionnel qu’un nouveau survient. C’est comme si nous attrapions une grippe après une angine », poursuit-il. Pour préserver notre parc forestier, le 4e d’Europe, il convient donc de nous atteler à ces nouveaux enjeux, directement liés au réchauffement climatique. Vous voyez où on veut en venir ?

Pour préserver nos forêts, des solutions existent.

  • On s’engage au quotidien pour réduire notre empreinte carbone. Si le réchauffement climatique est à l’origine des maux de nos forêts, on comprend qu’il faille prendre le problème à bras-le-corps et pour ça, les pistes à suivre sont variées. On a écrit pleiiiiin de chouettes infographies pour vous y aider.
  • On plante des arbres. Parce que selon Stéphane Hallaire, « les arbres sont la solution la plus simple, la plus rapide, la plus sûre pour lutter contre le réchauffement climatique. Si un Français plante 5 000 arbres sur toute sa vie, il atteint une forme de neutralité en bilan carbone. Cela représente envrion 4 hectares/personne. »
  • Pour commencer sa forêt, on peut démarrer dans son jardin. Limité en place ? On peut se tourner vers Reforest’action. Pour 3 €, on a l’assurance que notre arbre sera intégré à un projet de restauration forestière suivi dans le temps et pensé en lien avec l’environnement où il s’intègre.
  • Et pour tous ceux qui auraient la chance d’être propriétaires ou gestionnaires de forêts, Stéphane Hallaire préconise de « renforcer la diversité des espèces en forêt pour renforcer son système immunitaire face aux attaques. Cette diversité permet aussi de maintenir la fourniture des services rendus par la forêt, dont la production de bois ou le maintien de la diversité ».
  •  On (re)découvre l’histoire des forêts pour mieux comprendre leur présent avec
    • Martine Chalvet, auteur d’Une histoire de la forêt, paru aux éditions du Seuil
    • Stéphane Durand, auteur de 20 000 ans ou la grande histoire de la nature, paru aux éditions Actes Sud, disponibles en bibliothèques ou en librairies.

  • Pas le temps pour la lecture en ce moment ? Ils sont intervenus sur France Inter et France Culture. Les podcasts sont à retrouver ici :
  • On s’informe sur les enjeux contemporains de nos forêts : pendant 2 ans, Reforest’action a compilé la matière scientifique disponible sur le thème des forêts pour en tirer un vaste document de synthèse sur l’avenir des forêts dans un contexte de réchauffement climatique. Au programme, un rappel des bénéfices de nos forêts, des défis à venir et des solutions existantes.
  • On soutient les associations engagées dans la sauvegarde de notre patrimoine forestier comme le WWF, qui, en France, s’attaque à la promotion et à la généralisation du label FSC pour la gestion des forêts et a investi, à ce titre, plusieurs sites pilotes. Et pour tout savoir sur le label FSC : c'est ici !
Mathilde Frézouls
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