Renoncer à la maternité sauvera-t-il la planète ?

CROISSANCE DÉMOGRAPHIQUE
Renoncer à la maternité sauvera-t-il la planète ? sur Qu'est-ce qu'on fait
Pour réduire leur impact sur l'environnement, des femmes décident, à rebours de la société, de ne pas faire d'enfant, voire même de se stériliser. Il faut dire que selon une étude, une grossesse multiplierait par six notre empreinte carbone. De quoi se demander si la maternité est encore climat compatible.

Outre-Atlantique où le mouvement a eu ses premiers sursauts dans les années 1960, on les appelle les Ginks : Green Inclinations, No Kids. Des femmes (et des hommes) décidés à ne pas se reproduire, convaincus que la surpopulation contribue directement au réchauffement climatique. Les chiffres mis en exergue pour étayer cette thèse sont plutôt édifiants. En dix ans, d’après l’INED (Institut National d’Études Démographiques), la population a grimpé de plus d’1,5 milliards d’individus. Et selon l’ONU, si rien ne change, nous devrions atteindre 8,5 milliards en 2030.

« La perte de biodiversité, le changement climatique, la pollution, la déforestation, la pénurie d'eau sont exacerbés par une démographie démesurée et sans cesse croissante. »

Sous le poids des êtres humains, la terre cédera-t-elle ? C’est en tout cas ce que croit l’association britannique Population Matters qui milite pour une décroissance. « La perte de biodiversité, le changement climatique, la pollution, la déforestation, la pénurie d'eau sont exacerbés par une démographie démesurée et sans cesse croissante. Notre impact sur l'environnement est la somme de notre consommation et de notre population. Nous devons nous attaquer aux deux » lit-on sur le site.

Un message qui a trouvé écho auprès d’Ellen Hardy, une trentenaire écolo, rédactrice en chef pour une entreprise engagée dans l’agriculture raisonnée. « Par rapport à ma vision du monde, c’est une décision logique. Il n’y a aucun besoin de se reproduire. Notre planète et son écosystème supportent à peine la population actuelle. Si rien ne change, nous courrons vers la destruction totale d’un environnement pourtant vital. Personnellement, je ne veux pas mettre au monde un enfant dans ce cycle effrayant. » Alors que les actions pour le climat sont multiples (se déplacer en vélo, trier et réduire ses déchets, consommer bio, acheter de la seconde main), aux yeux des Ginks, rien n’est plus efficace que limiter le nombre d’humains. « Pour une personne ordinaire comme moi (…) la seule contribution significative que je peux apporter à un monde plus propre et vert, c’est de ne pas faire d’enfants » explique l’éditorialiste américaine Lisa Hymas dans son manifeste childfree imaginé en 2010, non pas pour jeter l’opprobre sur les parents, mais pour apporter un soutien aux couples sans enfant jugés avec condescendance par la société. « Nous sommes en droit de nous demander quel futur nous offrons aux prochaines générations, lance Corinne Maier, psychanalyste et autrice de No Kid. D’autant que l’on prévoit que d’ici 2014, environ 3 millions d’emplois seront supprimés. »

« Pour une personne ordinaire comme moi (…) la seule contribution significative que je peux apporter à un monde plus propre et vert, c’est de ne pas faire d’enfants »

Contrairement aux années 1950, de plus en plus de femmes ignorent aujourd’hui si elles désirent ou non des enfants. « Pour moi, il y a plein d’autres choses dans la vie, des choses plus importantes et plus intéressantes qu’être maman » raconte Ellen. « Il est urgent d’ouvrir un dialogue sur l’avenir de notre société, sur la répartition des richesses plutôt que d’encourager une fécondité à tout prix poursuit Corinne Maier. Un enfant, c’est un gouffre de dépense et de consommation. La propagande nataliste est un réflexe d’un autre âge. »

Climat et parentalité seraient donc inconciliable ? Pas nécessairement. Il suffit de scroller sur les profils de maman green sur Instagram pour observer de nouveaux modes de consommation. Mélissa Merah, entrepreneuse en téléconsultation, élève son fils de 10 ans dans les règles de l’art (moins de déchets, moins de viande et moins de Nutella). « Il y a de plus en plus de solutions écologiques misent en place, y compris pour les enfants en bas âge. Mais c’est vrai, que c’est moins facile que de se jeter sur des lingettes au supermarché du coin. »  Si elle avoue souffrir des diktats consuméristes de la société, notamment lors des goûters d’anniversaires, la jeune femme espère que les futures générations, et en particulier celle de son fils, sauront changer la donne. « Mais pour cela, il faut leur donner les clefs ! » Pourvu que les personnes sensibles aux questions écologiques ne décident pas toutes de ne plus avoir d’enfants. On croise les doigts !

  • On ouvre ses chakras en lisant (pour l’instant uniquement en anglais) l’ouvrage de Stefanie Iris Weiss, Eco-sex, Ten Speed Press, 5$ en ebook : un manuel écolo d’éducation sexuelle qui remet la chambre à coucher au centre de la révolution écologique.
  • On dévore l’essai de Corinne Maier, No Kid, 5€ chez Michalon. L’autrice s’attaque au culte de la natalité en a compilant une quarantaine de raisons de ne pas faire d’enfants.
  • On prend exemple sur la Thaïlande qui a réussi à réduire son taux de natalité de près de 75% en deux générations grâce à un programme de planification familiale débuté dans les années 1960.
  • On choisit une maternité écolo pour accoucher. En quelques années, la clinique Champeau à Béziers est devenue une éco-clinique : bâtiment Labellisé “Haute qualité environnementale” (HQE), réduction des déchets, produits bios…
  • On retrouve l'étude selon laquelle avoir des enfants en moins permet de réduire son empreinte carbone de manière considérable.
  • On peut faire lire les infographies Qqf à nos enfants pour les sensibiliser à la consommation responsable !
  • On peut aussi les inscrire dans des colonies de vacances éco-responsables, où les activités leur transmettront une green attitude ;)
Elsa Pereira
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