Labiaplastie, un vagin presque parfait
Clea ne supportait plus de se mettre en maillot de bain, la faute à un léger renflement au niveau de son entrejambe. "Je pouvais donner de la matière à un caleçon", confie-t-elle sur le forum de discussion Au féminin. Quand elle est en pantalon ou en jupe, elle se sent tout aussi inconfortable. "Les grandes lèvres pincent les petites", écrit-elle. Son complexe s’est développé dès l’âge de 12 ans. Mais elle a attendu d’en avoir 24 pour passer sur le billard.
Sur Internet, les témoignages comme celui de Clea sont légion. Les jeunes femmes partagent leur désarroi face à un complexe enfoui au tréfonds de leur intimité. " J’étais gênée depuis mon adolescence, mes petites lèvres dépassaient des grandes d’environ 4 cm, répond en commentaire une autre internaute. Avec les mecs, je ne vous en parle même pas, crispation totale ! ".
Porno mainstream
Dans le cabinet du docteur Marc Abécassis, des femmes arrivent parfois avec une photo en main du sexe qu’elles aimeraient avoir. Mais qu’est-ce, exactement, qu’un beau sexe ? " La demande la plus fréquente, c’est que les petites lèvres ne dépassent pas des grandes", résume ce chirurgien parisien. Cette réduction s’appelle " labiaplastie" ou "nymphoplastie". Coût moyen : 3 000 euros. L’essor de cette pratique depuis les années 90 est souvent associé à l’influence du porno mainstream. Marc Abécassis nuance : " Les motivations des femmes qui consultent sont fondées. Elles ressentent une gêne physique, par exemple, à faire du vélo. Mais elles sont aussi bloquées dans leur vie sexuelle. Un geste clinique leur change la vie". Lorsque l’hypertrophie est avérée, notamment en cas d’obésité, l’opération est prise en charge par la sécurité sociale. En 2016, d’après les données de la Société internationale de chirurgie esthétique plastique (Isaps, en anglais), 3 905 opérations de ce type ont été réalisées en France. Les Françaises y ont proportionnellement davantage recours que les Brésiliennes et les Américaines, respectivement 23 155 et 13 266 à s’être fait couper une partie de leur intimité.
Troubles liés à la puberté
" Ce sont essentiellement des jeunes filles qui viennent me voir", observe la chirurgienne Sylvie Abraham. Il lui arrive de recevoir de jeunes adolescentes déjà très complexées. " Mais on n’est pas mûres à 14 ou 15 ans. Il y a un risque que ce soit un trouble lié aux changements de la puberté" prévient Sylvie Abraham. Elle propose donc à ces patientes précoces de revenir une fois leur croissance stabilisée, aux alentours de la majorité. L’opération s’effectue sous anesthésie locale ou générale, selon les préférences du spécialiste. "Oui, comme toutes les interventions, il existe des risques d’infection et d’hématomes, reconnaît Marc Abécassis. De temps en temps, il peut y avoir des désunions, quand quelques points de suture lâchent. La muqueuse est un tissu friable. Ce n’est pas grave mais cela retarde la cicatrisation. " En général, des analgésiques sont prescrits pour contenir la douleur. Et le clitoris, seul organe entièrement dédié au plaisir, risque-t-il d’être excisé ? " On ne touche pas au clitoris, assure Marc Abécassis. J’ai vu seulement quelques cas à l’étranger, lorsque la peau est trop tirée. "
Libération sexuelle
Pour beaucoup de jeunes femmes, se débarrasser de ces quelques centimètres de peau mal aimés se vit comme une libération sexuelle. " N’hésitez pas à pratiquer cette petite opération bénigne si vous vous sentez mal. C’est un petit mal pour un grand bien car, mine de rien, la qualité de vie sexuelle est essentielle au bien-être", partage une internaute sur le forum Onmedia. Pour se réapproprier son sexe sans bistouri, il est aussi possible de guérir le mal par le mal et se plonger dans les archives visuelles du Labia Project. Ce site recense les selfies intimes des contributrices. On y lit des conseils pour mieux vivre sa sexualité, à l’instar de cette femme qui raconte regarder son sexe tous les jours avec un miroir de poche. Elle promet : " Je me sens plus sûre de moi et j’accepte mon vagin tel qu’il est. "