Manuel de survie des fêtes de fin d’année à l’usage des féministes

NOËL FÉMINISTE
Manuel de survie des fêtes de fin d’année à l’usage des féministes sur Qu'est-ce qu'on fait
Convier un-e féministe à un repas de Noël, c’est un peu comme envoyer sa fille dans le carré VIP d’une soirée de footballeurs sur les Champs-Élysées. Un non-sens, une provocation, un suicide. Le 25 décembre, le seul homme qui bosse s’appelle le père Noël. Tous les autres glissent les pieds sous la table en attendant que ça se passe. Oh, il y a bien les lutins qui travaillent aussi : les enfants de la famille, obligés de mettre le couvert et d’aller vérifier en cuisine si la cuisson des haricots suit bien son cours.

Seulement voilà, #metoo, la « charge mentale » et les gilets jaunes sont passés par là, il y a de la rébellion dans l’air. Notre conseil fashion : portez du jaune fluo ce jour-là, les convives sauront instinctivement que quelque chose cloche. Le gouvernement familial sera dans ces petits souliers et reverra sans doute à la baisse sa fameuse taxe sur le blanc de poulet, qui veut que les hommes se réservent les plus grosses parts (même ma tante avait pour habitude de prononcer à table le dicton « gros pour les gros, petits pour les petits »).

Mine de rien, ce hashtag #balancetonporc a eu du bon. Si vous êtes une femme, votre père hurle à qui veut l’entendre : « Ma chérie, on va traîner en justice ton salopard de boss qui fait des remarques libidineuses sur tes jupes, [puis s’adressant à sa femme, qui s’inquiète pour la santé mentale de son mari] mais oui ! Il paraît qu’il la reluque comme un morceau de bidoche ! En parlant de bidoche, ressers-moi de cet excellent poulet, veux-tu ? » Tous vos oncles sont aux petits soins, l’un vous retire votre manteau, un autre s’excuse d’avoir « fait du mansplaining » la dernière fois que vous l’avez vu, un troisième vous demande si votre « décharge mentale va bien ? » avec une empathie mêlée de perplexité qui laisse deviner qu’il ne sait pas trop de quoi il parle.

Seul souci, il reste encore ce cousin intello de droite qui se balade avec « Le premier sexe » d’Eric Zemmour sous le bras toute la journée, et un air de réfléchir en permanence qui sent mauvais la polémique. Vous allez fêter le nouvel An 2019, mais dans son monde à lui, ce sera 1934. Quand vous évoquez les inégalités salariales ou le harcèlement de rue à table, vous voyez sa mine autosatisfaite s’éclaircir. « Ha ! s’écrie-t-il. Le discours victimaire, il y avait longtemps ! Et qui fait la guerre, hmm ? Qui descend dans la mine ? Qui risque sa vie sur les chantiers ? Les hommes ! Sans notre virilité, les femmes seraient juste bonnes à… » BIM ! BAM ! BOUM ! OUILLE ! ça, c’est vous qui venez de faire une multiprise de krav-maga à Zemmour junior. Si ce n’est pas déjà fait, on vous conseille d’ailleurs deux sports de combat pour remettre à leur place les intellectuels tartuffes : la boxe et la socio.

  • On offre sous le sapin « King Kong Theory » de Virginie Despentes ou la BD « Culottées » de Pénélope Bagieu.
  • On lance le podcast féministe « Quoi de meuf » en plein dîner.
  • On s’inscrit à un cours de self-defense pour remettre en place son boss aux mains baladeuses ou son cousin lourdingue.
  • On rend jaloux les hommes de la maison en parlant des chefs tatoués et super beaux gosses de la cuisine actuelle. On peut même ajouter le sondage d’un site de rencontres selon lequel les femmes trouvent plus sexy les hommes qui cuisinent.
Emmanuel Chirache
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