Tiers lieux : on s'en friche !

FRICHES URBAINES
Tiers lieux : on s'en friche ! sur Qu'est-ce qu'on fait
Utopies urbaines cherchent lieux vacants. Ces dernières années, de nombreux bâtiments désaffectés sont réinvestis pour inventer une nouvelle manière de vivre ensemble  : Emmaüs a fait des émules.

Colocation d’activités ? Village solidaire ? Difficile de définir avec précision le mouvement qui s’est emparé, ces dernières années, de nos grandes villes, à la jonction des sphères sociales, culturelles et écolos. À Bordeaux, sur la rive droite de la Garonne, longtemps enclavée, a émergé dans une ancienne caserne militaire le Projet Darwin.

©1024-architecture-vortex 

Il se présente comme un « écosystème urbain ». Dans une ambiance récup’, on participe à un atelier de réparation des vélos, on fait ses courses à l’épicerie bio ou on déjeune sous le soleil du « magasin général », la cantine du coin. À Roubaix, on trouve la Condition Publique, qui se revendique « laboratoire créatif ». Cette immense bâtisse en béton du début du XXe  siècle était utilisée à l’époque comme manufacture de conditionnement des matières textiles. Aujourd’hui, on y trouve, pêle-mêle, des résidences d’artistes, un espace de co-working, un studio de danse, des salles d’expositions et un restaurant avec une cuisine de saison.

©La Condition Publique

En banlieue parisienne, à Saint-Denis, il y a aussi le 6B, un ancien immeuble de bureaux accoudé aux berges de la Seine. Ici aussi, des ateliers d’artistes jouxtent le siège de petites entreprises et d’associations. Le quotidien est ponctué par une programmation culturelle attirant du monde venu de l’extérieur.

Saint-Denis Plage ©Clément Salzedo

« L’heure est aux espaces de rencontres et de mixité »

La meilleure tentative de définition de ces lieux éclectiques passe peut-être par la négative. Le sociologue américain Ray Oldenburg parle en effet de « tiers-lieux », pour décrire ces espaces qui ne sont ni le travail, ni la maison, mais dans lesquels on se sent à l’aise. Par extension, « ils décrivent ces endroits dans lesquels se croisent des publics qui n’étaient pas supposés se rencontrer », précise Soumaya El Bakkali, responsable marketing de Label Emmaüs. « La philosophie de ces lieux est de superposer les espaces et les temporalités et ils sont faits pour que les usagers se les approprient », reprend Juliette Cadic, chargée de mission à L’école des tiers-lieux. Parce que oui, il existe désormais un centre de formation à ce sujet. L’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (Ademe) a estimé, en 2015, qu’il y avait encore 150 000 hectares de friches disponibles sur le territoire. De quoi laisser de la place à de nombreuses autres « expériences ». Juliette Cadic l’assure : « C’est fini le temps où on pensait la ville comme fragmentée et sans âme. L’heure est aux espaces de rencontres et de mixité. »

  • On chine chez Emmaüs, le pionnier

Créé en 1985, le mouvement de l’Abbé Pierre est le précurseur de ces nouvelles initiatives. Avec la mode du vintage, ses quelques 360 salles de ventes attirent aussi bien des familles modestes que des chineurs avertis et des adeptes du zéro déchet (son salon accueille 20 000 personnes chaque année). On y trouve désormais plusieurs branches, comme Emmaüs Défi qui s’occupe de la réinsertion de personnes dans la précarité. Label Emmaüs, la boutique en ligne, est dédiée à la réparation et l’amélioration d’objets anciens ou usés, remis au goût du jour. Des deniers bien employés : par exemple, pour un tourne-disque acheté 50 euros, 25 euros financent l’accueil et l’accompagnement, 20  euros vont au financement des opérations de récupération et de recyclage, et 5  euros vont à des actions solidaires extérieures.

Laurène Daycard
Illustrations : Charlotte Molas
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