Leurs enfants sauveront la planète : ces écolos qui croient en la famille
Sur son site Internet, la famille «Sardine» (c’est le surnom qu’elle se donne) présente son mode de vie avec ce slogan : «slow life, zéro waste, zéro déchet, vie minimaliste.» C’est un peu abstrait pour vous ? Alors disons que ces Lyonnais ont vendu leur maison de 240 m2 contre un appartement de 30 m2 afin de consommer différemment et de retrouver une vie de famille plus intime. «Dans une grande maison, nous raconte Olivier le père de famille, chacun vit de son côté, on ne se voit que pour les repas. Alors que là, on partage plus de choses, on doit se respecter davantage.» L’expérience sera seulement provisoire, mais elle aura obligé cette famille à revoir son mode de vie et à le faire accepter aux trois enfants : Antoine (6 ans), Kalista (13 ans), et Charlotte (17 ans). «On leur a présenté comme un jeu et ils l’ont pris très naturellement, se souvient Olivier. On était quand même surpris, car ils bénéficiaient d’un certain confort, surtout le petit ! Il adorait aller à la piscine dans le jardin. Il nous a dit - j’aime bien aller au lac aussi, on n’est pas obligé d’aller à la piscine.»
Certains enfants baignent depuis toujours dans le bouillon écolo. Maman de trois jeunes garçons, Lydie a utilisé des couches lavables pour tous ses enfants, elle achète leurs vêtements et leurs jouets d’occasion la plupart du temps, bannit les lingettes et le plastique à la maison, et les sensibilise à manger bio. «Ce ne sont pas les enfants qui polluent, précise-t-elle, ce sont les parents qui le font pour eux. Nous avons la chance de vivre à la campagne, d’avoir un grand jardin et d’être entourés de gens qui pensent comme nous, du coup nos enfants ne sont pas tentés par d’autres manières de vivre plus polluantes.» En d’autres termes, l’enfant est aussi le reflet de la société qui l’entoure : surconsommateur dans une société de surconsommation, responsable dans une société responsable. Dans ces conditions, l’exemple que donne l’entourage proche est primordial.
«L’enfant est aussi le reflet de la société qui l’entoure : surconsommateur dans une société de surconsommation, responsable dans une société responsable.»
«Oui un enfant est une source de pollution, reconnaît Olivier, mais à chacun d’éduquer son enfant pour qu’il pollue moins. Par exemple, nous sommes quasiment végétariens et nos enfants sont sensibilisés au problème de la consommation de viande. On cuisine beaucoup de légumes et ils adorent ça. Le petit, quand on lui propose une saucisse, ça ne lui fait pas envie, il s’est déshabitué. Mais on ne leur bourre pas le crâne, si on est à un festival et qu’il veut un hot-dog, pas de problème.» La famille Sardine prêche donc par l’exemple : ils récupèrent les invendus d’un Biocoop et du boulanger, font les fins de marché, donnent régulièrement à des sans-abri, bref prouvent à leurs enfants qu’il existe d’autres façons de consommer. À tel point que ces derniers impulsent eux-mêmes certains changements, comme lorsque la jeune Kalista propose de faire les friperies au lieu d’acheter des vêtements neufs.
«Le petit dernier adore aller à la déchetterie avec sa mère pour faire de la récup’, les «cadeaux de la vie» on appelle ça»
Beaucoup de parents le constatent : les enfants s’adaptent plus vite au mode de vie écolo que les adultes. S’ils aiment la routine, ils aiment aussi la nouveauté, et l’aspect ludique de l’expérience stimule leur imagination. Olivier ne compte plus les fois où ses enfants l’ont bluffé : «Le petit dernier adore aller à la déchetterie avec sa mère pour faire de la récup’, les «cadeaux de la vie» on appelle ça. Il a l’œil pour trouver une nouvelle destination à un objet. Leur créativité va très loin. Un jour, on se baladait dans la campagne, on avait pris des raquettes de badminton et on avait oublié le volant… Ma fille Kalista a eu l’idée de jouer avec des fleurs de pissenlit !» Les enfants de Lydie, eux, jouent avec leurs cousins dans un vaste jardin que les deux familles partagent. «Dans leur grande cabane, ils ont créé une coopérative forestière, avec un potager, des fleurs, des fruits qu’ils ramassent, ou encore de l’herbe séchée. Un jour, Ils ont voulu acheter une bâche et des allumettes, alors ils nous ont vendu des fagots de bois (à un prix exorbitant) pour avoir de l’argent ! À Noël, ils réclament des planches et des outils.»
Lydie a conscience que sa situation favorise l’épanouissement des enfants : elle vit à la campagne dans une famille élargie où tout le monde partage la même vision de l’éducation. Est-ce que la pression sociale est moins forte dans les villages ? Possible. En attendant, «on ne les emmène jamais faire des courses au supermarché ! nous raconte Lydie. Et nous n’avons pas la télé, du coup ils ne sont pas tentés par des publicités qui les inciteraient à acheter des trucs inutiles. Quand leurs copains leur parlent de produits dérivés, eux n’en voient pas l’intérêt.» Citadine, la famille Sardine avoue avoir eu peur de marginaliser ses enfants. «Le petit, on fait très attention qu’il n’ait pas de frustration, confie Olivier, il y a toujours une compétition avec les copains. Par exemple, on a refusé d’acheter un vrai sapin de Noël et on en a pris un en plastique. Après les vacances, on a senti que ça allait poser un souci vis-à-vis de ses amis. Alors en passant devant les collectes de sapins dans les rues, je lui ai dit qu’on prendrait le plus beau. C’était rigolo, les gens jetaient leur sapin et nous, on faisait l’inverse !»
«Pour sauver la planète, on peut compter sur la génération qui vient bien plus que sur celles qui lui précèdent.»
Pour sauver la planète, on peut compter sur la génération qui vient bien plus que sur celles qui lui précèdent. D’autant plus que «les enfants sont sensibilisés à l’école et par les médias, remarque Lydie. À la cantine, on les encourage à ne pas gaspiller la nourriture, il ne faut pas mettre sur le plateau ce qu’on n’est pas certain de manger.» Cette différence générationnelle, Olivier la constate à l’inverse en observant ses parents : «Impossible de les faire évoluer, ils ont un jardin mais pas de compost, ils jettent le verre dans la poubelle parce que c’est trop loin, ils sont un peu indécrottables.» En résumé, c’est plutôt nos grands-parents qui auraient dû ne pas faire d’enfants… Mais ceux qui arrivent ont encore une chance de réparer les bêtises de leurs aînés. «Si personne ne faisait d’enfants, la vie n’aurait pas grand sens, conclut Monsieur Sardine. Être en famille, c’est une source de joie !»
- On offre une BD de la «famille zéro déchet» à ses enfants, pour lui présenter ce mode de vie de façon ludique.
- On fait des dons en leur nom pour des associations. Lydie confie : «J’ai fait un don à une association de leur part, Sauvons la forêt, en échange ils impriment un certificat de «protecteur de la forêt» au nom des enfants. Ils ont trouvé ça super. Ils sont sensibles à l’idée de protéger les animaux et la terre, ils en sont plus proches de nous, c’est facile de les émouvoir avec ça.»
- On les emmène participer à de grandes opérations de nettoyage de la forêt ou de la plage
- On les emmène aux Puces, à la déchetterie, sur les vide-greniers pour leur apprendre à chiner et à s’amuser en achetant d’occase.